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la saga d’élie

tous vous libérer de lui en livrant une femme ! Mais je vous le jure par le grand Mahon, si vous me le faites épouser par force, vous aurez des malheurs à craindre pour vous-mêmes, car avant qu’il ne se passe douze mois, je ferai abattre tous les murs de votre ville, ses châteaux et ses tours, et détruire et déshonorer votre demeure, puisque vous avez eu un tel dessein sur moi. Et maintenant que vous êtes tous anxieux et vaincus, soumis et accablés par Jubien, et que vous tremblez de lâcheté et de couardise, tombez à mes pieds et demandez grâce ; et je vous procurerai un homme si brave qu’il nous délivrera, vous et moi, de ce combat. »

(L)

La jeune fille dit : « Bons chevaliers, écoutez ma parole : si je puis trouver un si bon chevalier, qu’il ose marcher contre le vieux Jubien pour lui livrer bataille dans nos plaines, voulez-vous me promettre, seigneur, qu’il pourra, sans être nullement inquiété, se présenter à cheval et s’en retourner de même, et que personne[1] n’osera lui faire dommage ou tort, ou l’attaquer ? » « Bonne fille, » dit le roi, « n’en doute pas. Par la foi que moi et mon royaume nous devons à Mahon, je jure que partout où nous pourrons lui venir en aide, il ne lui sera fait aucun dommage ; que s’il est sans ressources, nous lui donnerons la fortune et le ferons riche et puissant et si tu le désires nous le marierons avec toi avec la pompe, la magnificence et les honneurs convenables.[2] » La jeune fille répondit : « Je ne demande rien de plus. »

(LI et LII)

Là-dessus[3] elle se leva et alla dans son appartement parler à sire Élie. « Par Mahon sire, » dit-elle, « je suis en grand chagrin et j’ai grand souci. Voici qu’est arrivé le vieux Jubien, qui demande bataille et combat,

  1. C D ajoutent : de vous.
  2. Ici finit le fragment E.
  3. C ajoute : le roi jura à Mahon un serment ainsi que tous ses barons, comme elle l’avait demandé, puis.