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la saga d’élie

de France. » « Par ma foi, » dit Malatré, « tu me fais rire avec tes folies ! cette épée est la meilleure qui soit et est bien placée[1] dans la main qui la tient. Tu vas de cette épée recevoir un tel coup sur la nuque, qu’il finira ta vie. » Élie lui répondit[2] : « Tu le penses ; mais moi aussi, j’ai une épée, qui te fera voir tout à l’heure si elle s’y connaît à trancher. » Et Élie, de son épée, frappa le heaume du païen, de telle sorte que tous les feuillages et toutes les courroies tombèrent de part et d’autre, et le bras droit avec lequel le païen devait se défendre, fendu jusqu’à l’épaule, tomba aux pieds d’Élie avec l’épée ; il[3] saisit alors l’épée[4] : « Loué sois-tu, mon seigneur tout puissant, qui as enlevé cette bonne épée du pouvoir de mon ennemi pour me la donner, et qui as rendu moindre le danger qui me menace ! » Il dit alors au païen : « Païen méchant et incrédule, sans toi ni Dieu, tu peux voir aujourd’hui[5] que la puissance et l’amitié protectrice de mon seigneur Jésus-Christ, notre Dieu à nous chrétiens, est bien plus forte que celle de votre Mahon, païens. Tu as reconnu comment coupe mon épée ; mais je vais te servir maintenant avec ta propre épée. » Et il le frappa entre les épaules sur le cou et le coupa en deux dans toute sa longueur, de sorte que chacune des deux moitiés tomba à terre. Puis il[6] sauta sur le cheval du païen. Qui maintenant le défiera, aura fier combat à soutenir.

(XIII)

Quand Jossien vit mort et étendu à terre Malatré, le fils de sa soeur, il dit : « Celui qui t’a frappé, mon beau neveu, m’a fait grand dommage. » Il se précipita alors aussi vite que possible sur Élie, et de sa lance frappa l’écu si fort, que les éclats de la lance volèrent par-dessus sa tête. « Vraiment, » dit Élie, « tu es un rude guerrier,

  1. A défendue.
  2. C B « Oui [ami, ajouté par B], » dit Élie.
  3. C B D Élie.
  4. B D ajoutent : et dit.
  5. D maintenant tu peux voir quelle est la plus grande de la puissance et de la bonté de notre Dieu tout puissant, ou de votre indigne superstition et païennerie, à vous que le diable tient déjà.
  6. C B D Elie.