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introduction

l’avons vu, que le traducteur anglais a introduit dans son récit des noms empruntés aux traditions germaniques ; les nains, auxquels Landri vole les objets magiques, n’auraient-ils pas la même origine ? On sait quel rôle jouent les nains dans les récits épiques allemands et scandinaves. Cependant, il faut remarquer que les nains ne sont pas complètement absents de l’épopée française : Picolet, dans la Bataille Loquifer, est un nain, de même que Pacolet, dans Valentin et Orson ; Obéron, dans Huon de Bordeaux, est un nain secourable, exactement comme les nains mentionnés dans N. Le trait des objets magiques volés à des êtres surnaturels n’est pas propre aux Germains ; il appartient au folklore international, et figure notamment dans un conte mongol[1].

L’utilisation de ce thème des objets magiques se retrouve ailleurs dans l’épopée française. Il est question de la nappe merveilleuse qui fournit des mets dans une chanson de geste du xive siècle, Charles le Chauve[2]. — L’épisode où Landri doit lutter contre les enchantements de sa marâtre Aglavia paraît singulier au premier abord. Cependant les enchantements ne sont pas rares dans les chansons de geste. On connaît les sorcelleries de Maugis ; et les enchantements d’Orable, les « jeux d’Orange », dans les Enfances Guillaume[3], ont la plus grande analogie avec ceux d’Aglavia dans N.

  1. Il se trouve dans la rédaction mongole des Vingt-cinq Contes du Vetâla : un pauvre diable vole à des dakinîs (personnages de la mythologie bouddhique) un marteau et un sac qui donnent de quoi manger et tout ce qu’on désire. Voir Mongolische Märchen-Sammlung... herausgegeben von B. Jülg, Insbruch, 1868, in-4o, p. 140-141.
  2. Voir l’analyse de P. Paris, dans Histoire littér. de la France, XXVI, 106.
  3. Voir Die Chanson « Enfances Guillaume », Teil II, Text mit Varianten, Apparat, Einleiting und Inhaltsanalyse... von August Becker (Greifswald, 1913, in-8o), p. 40 et suiv., v. 1874-