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introduction

compilation norroise[1]. Il y a, dans le chant, des altérations et des transpositions évidentes[2] ; en outre, les exigences du style traditionnel des chanteurs des îles ont amené des développements et des modifications de la donnée primitive. Pour nous, dans la suite de la discussion, la Karlamagnus-Saga sera l’unique représentant du second groupe.

Examinons d’abord le premier groupe : le poème français et le roman espagnol (F et E). Dans les grandes lignes, E est d’accord avec F ; il doit avoir été traduit sur une rédaction très voisine de notre texte. Comme dans F, Oliva est la sœur de Pépin ; la substitution d’Enrrique à Landri (nom du fils) s’explique facilement : le nom peu connu de Landri a été remplacé par Enrrique (= Henrique, Henri), très répandu,

  1. En effet, dans ce chant, comme dans la Karlamagnus-Saga, Olifa (= Olive) est la fille, non la sœur, de Pépin, et Charlemagne, son frère, est nommé dans le couplet 3 (« Karlamagnus Pippingsson »). Nous verrons plus loin qu’il y a de fortes raisons de croire que cette modification dans la généalogie d’Olive, ainsi que l’introduction du personnage de Charlemagne, est le fait, non du traducteur anglais, mais du compilateur de la Karlamagnus-Saga. — Notons que le chant islandais nous présente la même généalogie, à en juger d’après le titre, donné ainsi par Hammershaimb (p. 280 de son article) : Landres semur, sonar Hugions hertoga af Englandi, og Olifar, systur Karlamagnus keisara. S. Grundtvig, qui, dans son grand ouvrage intitulé : Danmarks gamle Folkviser (Copenhague, 1853), I, 199-201, s’est occupé de Doon de La Roche, croyait également que le chant était indépendant de la Karlamagnus-Saga ; ses arguments (traduits par Ferd. Wolf dans sa note déjà citée, Ueber die Olivasaga, p. 266) ne semblent pas non plus convaincants : ils reposent en somme sur des raisons de sentiment.
  2. C’est ainsi que l’épisode des vêtements donnés à Landri par son ancienne nourrice, et qui disparaissent par enchantement, est placé, dans la Karlamagnus-Saga, après la rencontre de la mère et du fils (analyse de G. Paris, p. 110) ; le chant (couplets 128-136) place cet épisode avant cette rencontre, certainement à tort, car il se trouva ainsi séparé des autres enchantements de la marâtre.