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lxiii
introduction

Landri ordonne aussitôt qu’on lui apporte ses armes ; il réunit 4.000 chevaliers. Pendant ce temps, les « Saisnes » chevauchent et s’éloignent, emmenant Pépin ; [leur roi] Brohimax reproche à celui-ci la mort de son oncle Carsadoine, et lui annonce qu’il sera jugé le lendemain à Trémoigne. Pépin, transporté de colère et de douleur, brise les cordes qui lui lient les mains ; d’un seul coup de poing il abat l’un des Saisnes. Ceux-ci tirent leurs épées ; ils sont sur le point de le tuer, quand Landri, sortant d’une vallée, les attaque avec ses chevaliers : Brohimax est tué par Landri ; les Saisnes prennent la fuite ; les chevaliers [français] se délient mutuellement, revêtent les armures des Saisnes tués, et montent sur leurs chevaux ; Pépin, notamment, s’empare de l’armure de Brohimax. Ils se joignent aux compagnons de Landri : les païens sont mis complètement en déroute, et les chrétiens ramassent un grand butin. Quand Landri, l’épée rouge de sang, rencontre son oncle, il lui dit : « Roi, vous êtes pris ; vous me suivrez à Cologne ; après vous, c’est moi qui posséderai le trésor de Paris ». Pépin se résigne à son sort ; il descend même de cheval et tombe aux pieds de Landri. Mais celui-ci le relève : l’oncle et le neveu s’embrassent (c’était la volonté de Dieu) et se rendent ensemble à Cologne (v. 4321-4414).

Pépin fait peser trois fois en fin or son corps et son haubert ; il offre cet or à l’autel de l’église Saint-Pierre, distribue des dons à ses compagnons, et offre à Landri cent chevaux. À Cologne, au palais, les barons dînent : Landri leur annonce que, les traîtres étant punis et ses parents réconciliés, il partira le lendemain pour Constantinople, où il a promis d’épouser la fille du roi Alexandre. Pépin dit qu’il partira volontiers avec lui ; on envoie un messager à Constantinople, pour annoncer l’arrivée prochaine de Landri et de sa suite (v. 4415-4461).