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doon de la roche

à Tomile : « Seigneurs, aidez-nous ». Il réunit ses « soudoiers » dans un pré hors de la ville. — L’armée se met en marche ; la duchesse la suit, assise sur une mule. Ils arrivent devant La Roche ; ils mettent des troupes en embuscade dans les prés devant la ville, pendant que, d’autre part, trente chevaliers enlèvent du butin[1] [sous les murs]. Malingre sort de la ville, suivi de cent quarante chevaliers ; ils réussissent à reprendre le butin enlevé, mais tombent dans l’embuscade ; des parents de Malingre sont tués. L’évêque Auberi s’attaque à Malingre lui-même. Olive, qui tient un bâton à la main, frappe Malingre à la tête ; il s’enfuit avec les siens ; Auberi et ses chevaliers prennent La Roche. Les chevaliers s’emparent d’Audegour et la présentent à Olive. Celle-ci veut d’abord la livrer à ses écuyers et à ses garçons mais, sur les supplications de sa rivale, elle se borne à la faire enfermer dans une prison souterraine (v. 2924-3058).

Pendant ce temps-là, Malingre s’enfuit jusqu’à Mayence. Il raconte à Tomile sa défaite et la perte de La Roche. Tomile est d’avis d’offrir la paix à l’évêque et à Olive, quitte à les empoisonner ou à les assassiner plus tard. De son côté, Doon, suivi de 20.000 chevaliers, vient camper devant Sobrie[2] : c’est une ville qui lui appartient en propre, son père, l’Allemand Florent, l’ayant jadis conquise sur un roi [païen ?]. Doon tient conseil : la puissance de Tomile l’inquiète ;

  1. Probablement, dans la pensée de l’auteur, du bétail.
  2. Ce nom de Sobrie ou Sorbrie est essentiellement propre à la chanson d’Élie de Saint-Gilles, où la ville est souvent mentionnée ; en dehors de ce poème, on n’en trouve qu’une ou deux mentions (voir la Table de M. E. Langlois). Cette ville « lointaine et fabuleuse » (G. Paris) est tout à fait à sa place dans Élie, comme centre des aventures également lointaines du héros, mais elle fait singulière figure dans F, au milieu des noms historiques de Liège, Cologne, Worms, Spire, Mayence, etc. L’emprunt à Élie de Saint-Gilles paraît certain.