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introduction

bien ne jamais le revoir. Pendant ce temps, Landri est à Constantinople. L’empereur est menacé d’une guerre : les Sarrasins se sont emparés de Lalice (= Laodicée) et en ont chassé les Harmins [= Arméniens] qui l’occupaient[1]. Landri, qui vient d’être fait chevalier par l’empereur, attaque les païens et fait leur seigneur prisonnier ; il le livre à l’empereur (v. 1408-1439).

Celui-ci a une fille, qui s’appelle Salmadrine ; elle est amoureuse de Landri au point d’en tomber malade. Voyant qu’elle est souffrante, près de mourir, l’empereur l’interroge ; elle dit qu’elle désire épouser Landri, qui vient de sauver le pays. L’empereur répond qu’il ne sait rien de certain sur l’origine de Landri ; il consentirait volontiers au mariage, même si le jeune chevalier était bâtard, si celui-ci était réellement parent du roi de France, ainsi que l’ont affirmé Asson et Guinemant ; mais l’empereur se refuse à le croire. Les barons conseillent à l’empereur d’envoyer deux messagers, qui s’enquerront de la véritable origine de Landri : s’il est réellement neveu du roi de France, l’empereur lui donnera sa fille en mariage ; s’il ne l’est pas, il le récompensera de ses services et le renverra (v. 1440-1500).

L’empereur ordonne à deux de ses chevaliers, Berengier et Outré, de s’en aller en France, à Laon, pour savoir la vérité au sujet de Landri. Salmadrine les fait venir de son côté et menace de les faire mettre à mort s’ils rapportent [au sujet de Landri] des choses qui lui seraient désagréables. Elle leur donne deux « dromadaires », qu’elle fait garder dans un cellier et qui courent

  1. Sur les mentions des Arméniens dans les chansons de geste, voir F. Macler, La France et l’Arménie à travers l’art et l’histoire, Paris, 1917, gr. in-4o, p. 12 et suiv. Il résulte de ces recherches que l’auteur de Doon de La Roche peut être classé parmi les « trouveurs », relativement instruits, qui savaient que les Arméniens étaient chrétiens ; d’autres les rangent avec les Açopars, les Bedoïns et autres ennemis de la Chrétienté.