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doon de la roche

Guinemant deux mulets chargés d’or, pour qu’ils gardent Landri avec soin. Landri prie encore Pépin de le retenir près de lui : le roi refuse de nouveau, car il est lié par le serment qu’il jura après avoir reçu de Tomile les vingt mulets chargés d’or[1]. Landri part, arrive à Rome, s’embarque pour la Grèce à « Saint-Pierre au Bras » et arrive à Constantinople (v. 1309-1384).

Landri et ses compagnons contemplent avec admiration le luxe et la richesse de la ville imprenable, auprès de laquelle la France paraît une pauvre terre. Landri se présente à l’empereur Alexandre[2], qui le retient à son service (v. 1385-1407)[3].

Ce fut au mois de mai, que les arbres fleurissent. Olive se lève au matin : elle voit l’arbre [de Landri] couvert de feuillage ; il y a cependant une branche sèche. Elle comprend que son fils n’a pu obtenir le secours qu’il demandait ; elle se désespère et craint

  1. Plus haut, v. 607 et suiv., où il est question de l’accord peu honorable conclu entre Tomile et Pépin et de l’or reçu par celui-ci, il n’est rien dit d’un serment du roi.
  2. Ce nom se trouve au v. 1436.
  3. Dans E (fol. b. vij. v°), Enrrique, apprenant que le « soldan » de Babylone va attaquer Constantinople, quitte Jérusalem, qu’il vient de conquérir sur les Sarrasins, pour aller au secours de la ville menacée ; il fait naufrage et réussit à gagner la terre avec deux compagnons seulement. Ils arrivent à Constantinople dénués de tout et affamés. Enrrique reste à l’entrée de la ville, au pied d’une tour, pendant que ses compagnons vont dans la ville pour chercher de la nourriture. En les attendant, il se plaint à haute voix et raconte son histoire. Mergelina, la fille de l’empereur, qui habite dans la tour, entend ses plaintes ; elle lui jette d’abord de l’or, puis donne ordre à un senescal de le faire monter. — Tout cela pourrait être de l’invention du rédacteur espagnol ; il y a pourtant une certaine analogie entre ce récit et ce qui est raconté dans Élie de Saint-Gilles, éd. G. Raynaud, v. 1401 et suiv. — Le nom du « soldan », Mirabel, se lit dans la Prise de Cordres et dans d’autres chansons de geste ; voir la Table de M. E. Langlois.