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introduction

venir son fils et lui conseille de quitter le pays et de se réfugier en France, chez son oncle Pépin. — Landri appelle Gilibert, Asson, Guinemant et d’autres, en tout 80 pairs de Lorraine, et leur demande de le recevoir dans leur « mainburnie » ; il sera leur homme lige. Mais ils refusent de l’aider, à cause de l’inconduite de sa mère. Landri, désespéré, retourne à l’hôtel de sa mère Olive et lui déclare qu’il va la quitter, puisque Tomile, Malingre et sa marâtre ont juré sa mort : il ira d’abord demander secours à Pépin ; si celui-ci ne le retient pas, il s’en ira en « paiennie ». Il montre à sa mère un arbre qu’il a planté : un « clerc » lui a dit que lui et cet arbre mourront dans la même année ; tant que cet arbre sera vert et bien portant, Olive pourra être sûre que son fils est en vie[1]. Sa mère est désolée ; Landri part avec Asson et Guinemant (v. 1195-1308).

Ils arrivent à Liège : Landri demande l’aide des bourgeois : ils la lui refusent, à cause du « putage » de sa mère. Ils s’en vont à Paris et descendent chez un bourgeois, qui va dire à Pépin que son neveu est arrivé ; le roi défend de laisser entrer Landri. Celui-ci vient frapper à la porte du palais ; le portier lui refusant l’entrée, l’enfant se met en colère et le maltraite ; Asson et Guinemant le calment. Pépin, du haut de son palais, adresse la parole à Landri ; il voudrait bien l’aider, mais il ne peut, car il est lié par un serment à Tomile. Le lendemain matin, il envoie cependant à Asson et à

    magne, d’après le récit du Moine de Saint-Gall, II, 12, dans Monumenta Germaniae, Scriptores, II, 755.

  1. L’arbre « signe de vie » se retrouve (remarque de M. Benary, p. 386, note) dans Doon de Maience, v. 5395 (p. 163). Voir sur cette croyance en un lien entre la vie d’un homme et celle d’une plante : P. Sébillot, Folk-lore de France, III, 372 ; Mannhardt, Wald und Feldkulte, I, 45 et suiv. ; Frazer, The Golden Bough, III, 391 et suiv. (2e édit.) ; Hartland, Legend of Perseus, II, 28 et suiv. ; G. A. Wilken, Verspreide Geschriften (Semarang, 1912, III, 291 et suiv.