Page:Anonyme - Doon de la Roche.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxviii
doon de la roche

renouveleur ait reproduit mécaniquement un passage de son original. Il faut cependant observer que, si l’auteur du roman espagnol a fidèlement résumé, en cette partie du récit, le poème qu’il avait sous les yeux, il n’y avait pas de place dans ce poème pour une conversation paisible entre Landri et ses compagnons sur la richesse et la force militaire de la ville de Constantin[1].

Nous croyons donc que la conséquence tirée par M. Meyer des vers cités a bien des chances d’être juste et que cet indice vient s’ajouter à ceux qui nous obligent à placer la rédaction de notre poème au plus tard dans les premières années du xiiie siècle.

Avant de passer aux questions d’histoire littéraire que soulève Doon de La Roche, nous devons parler ici de l’aspect du texte. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, l’idée primitive de M. Meyer, quand il préparait pour l’impression la copie du manuscrit de Londres, était manifestement de s’écarter de ce manuscrit aussi peu que possible, et d’en conserver la graphie. Lorsque, après un long intervalle, il s’occupa de nouveau de Doon de la Roche, il changea de système, probablement sous l’influence des fragments qui lui avaient été communiqués par M. Lelong et dont la langue, ainsi que nous l’avons vu, ne présente pas le caractère nettement lorrain du manuscrit. En établissant le texte, M. Meyer adopta une graphie très rapprochée du francien. Nous avons suivi ce système, malgré ses inconvénients, car l’abandonner et revenir à la graphie du manuscrit, c’eût été recommencer tout le travail et retarder indéfi-

  1. M. Benary (p. 318, note, de son mémoire) s’est efforcé de trouver un terminus a quo dans une prise de Laodicée (Lalice) par les Musulmans en 1188. Mais comme cette ville est fréquemment mentionnée dans les chansons de geste, un trouveur, voulant raconter une guerre entre Byzantins et Sarrasins, pouvait facilement tirer de son imagination une prise de Lalice par ces derniers, sans avoir présent à l’esprit un fait réel et contemporain.