contractées : geu 3174, eu 3563[1]. — Meïsmes compte pour trois syllabes à l’intérieur du vers 3153 comme à l’assonance de 2145 (je n’ai pas trouvé d’exemple de la forme contractée) ; nient (ms. neant) est monosyllabe au v. 591, mais dissyllabe au vers 1391. On peut encore signaler li comme article féminin singulier : li aigue, 4427. Mais il faut se borner[2].
Essayons maintenant de déterminer, à l’aide des données grammaticales que nous venons d’énumérer, la région dans laquelle notre poème a été écrit, bien qu’il ne soit pas facile d’arriver à des résultats très précis.
Un fait qui frappe d’abord est la réduction d’iée à ie. Cette particularité se rencontre depuis le nord de la Normandie jusqu’en Lorraine ; elle exclut, comme patrie de notre auteur, l’Ouest, le Centre, la région au sud de Paris, même une partie de la Champagne[3]. Chrétien de Troyes fait, dans ses rimes, la distinction d’iée et d’ie. — La réduction d’ié à i devant consonne, que nous avons remarquée dans deux laisses, se rencontre, nous l’avons vu, dans un domaine tout aussi étendu, mais plutôt sporadiquement, semble-t-il, que régulièrement. — La confusion d’a et d’e nasalisés
- ↑ On trouve des exemples plus nombreux de ces sortes de contractions dans Orson de Beauvais ; voir l’Introduction de G. Paris, p. xxxv, xxxvi. — On lit dust, pour deust, dans Jourdain de Blaie, éd. C. Hofmann, v. 683.
- ↑ Au vers 4174, on constate l’élision d’e posttonique devant hante (h d’origine germanique) : La ot tante hante frainte, mais c’est un fait habituel dans cette sorte de cliché ; voir Moniage Guillaume, 2e rédaction, 5409, et Florence de Rome, 2616. — Un fait analogue se rencontre aux vv. 3756 : Fil Griffon d’Autefeuille, 4179 : Fiert Griffon d’Autefeuille, et 4183 : Sur la gent d’Autefeuille, pour de Hautefeuille (on sait que l’h, dans l’adjectif haut, est d’origine germanique). Le manuscrit écrit Haulte Feulle au v. 4168, après la préposition à.
- ↑ Cf. O. Densusianu dans son édition de la Prise de Cordres, p. cxxxviii, note 4.