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introduction

CHAPITRE III

Versification, langue, patrie et date du poème[1].

Doon de La Roche est écrit en vers alexandrins assonancés. La structure des vers, avec la césure après le sixième pied, ne présente rien de particulier. Comme d’ordinaire dans les chansons de geste, les monosyllabes suivis d’un mot commençant par une voyelle, ce, je, ne, que, se (latin si), peuvent faire hiatus : avers ce quë il est 56, ne lance në espée 1297, Së il est niés le roi 2046, cë est chose provée 2539, jë ai au cuer grant ire 2648. — Une autre licence bien connue[2] permet la non-élision de l’e posttonique d’un mot polysyllabique quand le mot suivant est un monosyllabe commençant par une voyelle. Cette licence, qui se retrouve dans d’autres chansons de geste est fréquente chez notre auteur ; on dirait qu’il a une prédilection pour les vers ainsi construits. Voici les exemples que nous avons relevés :

713 Il est molt juenes enfes, si dit quanquë il set.
808 Je ne vuel mie perdre la merë et le fil.
834 Com or le voit Landris, si commencë a rire.
  1. Parmi les observations que M. Meyer avait consignées par écrit en vue de l’Introduction, se trouvaient des notes sur la langue du poème, ainsi qu’une table provisoire des assonances : le tout m’a été naturellement fort utile. M. Benary a donné, dans son mémoire cité (p. 331, note 2), de courtes remarques sur la langue, dont j’ai également profité.
  2. Voir Ad. Tobler, Le vers français, trad. K. Breul et L. Sudre, Paris, 1885, p. 70-71 ; P. Meyer dans son édition de l’Escoufle, Introd., p. lii, liii.