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doon de la roche

Ai pour a se rencontre devant g continu (suffixe -aticus, etc.) : putaige 1168, 1312, hontaige 3148, anraige 1223, 1253, enraigier 3179, saiges 3132. — Si mas (mais) 3189, n’est pas une faute de copiste, c’est un exemple de la réduction d’ai à a, que nous retrouverons en étudiant la langue du manuscrit de Londres.

Si aseier 3279 était vraiment l’équivalent d’essaier, on aurait un exemple du passage d’e protonique initial à a, dont nous trouverons des traces assez nombreuses dans la graphie du manuscrit de Londres, mais le vers n’est pas bien clair et il peut être altéré.

Poichiez (= pechiez) au v. 3238 nous offre un exemple du passage d’e protonique à oi ; d’autre part e tonique, issu d’ῐ latin entravé, passe à o dans eschevole 1305, correspondant au francien eschevele.

Oi pour o est habituel avant ch et g continu : La Roiche 1146, 1318, 3288 ; loiges 3204 ; dans ces deux exemples, l’o est ouvert et tonique ; de même avant l’accent : loigié 3113, broichant 1160, et dans boiche 1285, où l’o est fermé et tonique. On lit ois pour os (première personne du présent de l’indicatif) au v. 1262.

Dans ensoigner 3227, proinne 1297, roinne 1233, roigne 3150, oi correspond à la forme française ei (enseigner, preigne, reigne), l’i servant à marquer le mouillement de l’n. On a aussi oi dans consoil 1209, moillor 3249, ploin 1213.

O, ou sont employés indifféremment pour l’o fermé (latin ō, ŭ) : d’une part, nos, vos, lor, por, jor, mots qui reviennent fréquemment, gloz 3111, desoz 3201, trestot 1280, toz 1188, 1247, traïtor 1188, seinnor 1244, ore (lat. hora) 1261, jornées 1319, secors 1268, plore 1265, ploroient 1304 ; d’autre part, bourc 1259, court 1259, glorious 3217, nevou 3138, 3214, prouz 3228.

    phie particulière (aie pour ée) ; comp. vaiai = veai (lat. vetavi) 3234.