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introduction

On peut par conséquent identifier[1] le La Roche de E et F avec la ville de Laroche dans le Luxembourg belge, localité certainement ancienne et qui était jadis le chef-lieu d’un comté. Il est vrai que La Roche, dans E aussi bien que dans F, est représentée comme une ville fortifiée, tandis que le Laroche belge ne fut entouré de murailles que dans la première moitié du xive siècle[2] ; mais on sait que, en pareille matière, les auteurs de chansons de geste ne se piquent pas d’une exactitude absolue.
Le nom d’Olive[3], qui se trouve à la fois dans F, dans E (« Olive ») et dans N (« Olif »), se lisait certainement dans le poème archétype (O1).
Dans N, le traître s’appelle Milon ; M. Benary a déjà fait remarquer (p. 355 de son mémoire) que Milon est un nom de traître dans Aye d’Avignon, Gui de Bourgogne et Bovon de Hanstone ; il peut donc remonter au poème français primitif.
Le nom de « Tomile », que donne F, se retrouve, légèrement modifié (« Tomillas »), dans E : il se lisait donc dans O2. Ce nom manque dans la Table de M. E. Langlois ; il a l’air fabriqué, peut-être sur le modèle d’Amile[4].
La fille du traître, seconde épouse de Hugon

  1. Ainsi que l’a déjà proposé M. Benary, p. 358 de son mémoire.
  2. A. de Leuze, Histoire de Laroche et de son comté (Arlon, 1880, in-8o), p. 6.
  3. Ce nom paraît emprunté à l’hagiographie : la liste alphabétique des saints dans L. de Mas-Latrie, Trésor de chronologie, mentionne cinq saintes du nom d’Olive. Ce nom se retrouve dans Élie de Saint-Gille et dans Yde et Olive, suite de Huon de Bordeaux (Voir E. Langlois, Table) ; ces deux poèmes l’ont probablement emprunté à Doon de La Roche.
  4. Dans les romances espagnoles qui se rattachent à la chanson d’Aiol, le traître s’appelle « Tomillas » (Voir G. Paris, Hist. poétique de Charlemagne, p. 212). Ce nom est probablement emprunté à la version espagnole en prose de Doon (E).