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doon de la roche

perdu aura remplacé le nom de « Doon », dont il n’y avait pas d’équivalent en anglais, pour celui, plus connu de « Hugon ». L’auteur du roman espagnol s’est trouvé placé devant la même difficulté : il s’en est tiré en désignant constamment le mari d’Olive par une périphrase, « el Duque de la Roche ».

Que le nom de « Doon » se soit trouvé ou non dans le poème primitif, c’est certainement un ancien nom épique : à côté de « Doon de Mayence[1] », que rappelle M. Lot, on peut citer « Doon de Nanteuil », héros d’une chanson de geste qui n’est certainement pas de l’époque la plus reculée de l’épopée, mais dont la première rédaction devait remonter assez haut[2].

Le « val de Munon », dont Hugon (= Doon) est le souverain dans N, reste mystérieux[3].

La Roche est le domaine propre du père de Landri dans E comme dans N : ce nom remonte donc à O2. M. F. Lot, qui croit que l’auteur de Doon a été influencé, en ce qui concerne le personnage de Landri, par la chanson de geste perdue, qui avait comme protagoniste un comte de Nevers, rappelle[4] qu’il y a dans le Nivernais plusieurs localités du nom de « La Roche ». Mais la géographie de Doon indique plutôt l’Est comme théâtre de l’action ; cela est évident en ce qui concerne F. Les indications de E sont plus vagues ; toutefois le fait que, dans le roman espagnol, Tomillas (= Tomile) est comte de Cologne, semble bien indiquer que, dans O2, l’action était placée également dans l’Est.

  1. Ce personnage doit être bien plus ancien que la chanson de geste très récente dont il est le héros ; voir les observations de G. Paris, Histoire poétique de Charlemagne, p. 76 et 168.
  2. Voir l’étude de P. Meyer dans le t. XIII de la Romania, citée plus haut, p. xciii.
  3. M. Benary (p. 239, note, de son mémoire) a vainement essayé de l’identifier, nous n’avons pas été plus heureux.
  4. Article cité, p. 13, note 4.