Page:Anonyme - Brun de La Montaigne.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
brun de la montaigne

1960« S’a garder nostre enfant guaire li atalente ;
« Puisqu’elle est devant vous et devant moy presente,
« S’i[l] li plait a garder qu’elle en die s’entente,
« Car j’ai fiance en lui pour ce qu’elle est si gente ;
« Chiers sire, et s’il avient que la dame s’asente
1965« A garder nostre enfant, si li achetés rente,
« Bours, villes, ou chastiax, se vous en trouvés vente,
« Donnés li plus que n’ait li prince de Tarente. »

CXII

(v°)Quant la dame ot parlé, Butor ot joie grant ;
Et puis si demanda a la dame en riant :
1970« Dame, vous plairoit il a garder nostre enfant ?
« Car c’est quanques nous .ij. poons avoir vaillant.
« Et se bien le gardés, vous avrés du mien tant
« Qu’il vous en sera miex en tretout vo vivant :
« Onques ne vi nourrice a mon gré plus plaissant.
1975« Si dites vo voloir, ou non du Tout Poissant,
« Car nous le desirons vraiement bien autant
« Qu’aler en paradis sans penance faissant. »

CXIII[1]

La dame respondi, qui estoit belle et gaie :
« Sire, du bien garder, sachiés, point ne m’esmaie
1980« Vostre petit enfant, mais que devers moy l’aie,
« Car il n’en faura point, por certain com je croie,
« Chose qui soit en moy dont il ait sanc ne plaie ;
« Mais je le nourrirai de bonne amour et vraie,
« Sire, que s’il avient qu’en aage se traie
1985« Et franche voulenté a dame amer l’atraie,
« Soit abesse, ou nonnain, ou une dame laie,
« Je ne m’en doute pas que bien ne l’en fortraie.

    — 1960, atalante. — 1961. presante. — 1964. asante. — 1965. rante. — 1967. Tarante.

  1. — 1981. je croie, ms. recroie.