Page:Anonyme - Brun de La Montaigne.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
brun de la montaigne

LXXVI

Quant Bruiant ot comté devant la baronie
La destinée qui fu l’anfant otroïe,
1360Chascuns s’en esjouï en la sale votie,
Et si n’i ot celui de la chevalerie
Qui n’en fust moult joieus, et qui de cuer ne prie
Qu’en bien et en honneur soit la chose avertie.
Adonques dit Butor : « Or ne vous anoit mie ;
1365« Seigneur, de ce fait ci Dieu de bon cuer gracie,
« Mais amoureussement li miens cuer vous suplie
« Que vous me veilliés faire .j. pou de courtoissie,
« Afin c’onneur puist estre en tous cas essausie,
« Car pas ne vueil pour moi qu’elle soit amenrie :
1370« Vous avés mon enfant en la forest feuillie,
« Porté par grant amour, dont mes cuers vous mercie
« Car reporté l’avés sain et sauf et en vie
« Avecques tout l’evur qu’il avra en sa vie,
« Se Diex l’a consenti et la vierge Marie.

LXXVII[1]

1375— Sire, » respont Bruiant, « dites vo volenté :
« Il n’i a ci celui que ne voie apresté
« De vous en foy servir et de faire vo gré.
« Commandés, nous ferons, car chascuns a pensé
« De tous ceus qui ci sont en [cest] palais lité,
1380« Car il n’en y a nui qui ait cuer tant ossé
(f° 31)« Qui vous ossast avoir .j. seul don refussé,
« Que miex ne li venist avoir .j. oel crevé. »
Et Butor respondi par trés grande amisté :
« C’on ait avant mon fil bautisié et levé,

  1. — 1378. Commendés. — 1379. Lacune après ce vers ? — 1383. amistié.