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brun de la montaigne

« Si ert de moy sa char entroduite et nourrie
« Tant qu’il sera en point de dessirrer amie ;
« Car je met le mien corps du tout en sa baillie,
« Et si li aiderai tous adès sans folie.
995« Si n’ert ja pour amer sa valour abaissie,
« Car voulenté d’ami ne doit estre changie,
« Fors d’amer loiaument tout adès esforssie,
« Si qu’ainsi ne pourra sa paine estre perie ;
« Et se vous li avés destinée otroïe
1000« Dont il ait en amant aucunne grant hachie,
« Au mains aucunne fois avra ma compaignie ;
« Si le conforterai en lieu de sa partie,
(f° 23)« Par quoy sa douleur soit par oubli esbaudie.

LVIII[1]

— Dame, » dist la maistresse, « or sai ge bien de voir
1005« Que vous amés l’enfant, bien le puis parcevoir ;
« Mais ausi grant eür peüst de moi avoir
« Se je voussise bien, mais ne m’en puet chaloir ;
« Car, puis qu’entre vous .ij. le voulés pourveoir,
« Il viv[e]ra en joie et sans son cors doloir,
1010« Asés ert riches hons, plenté ara d’avoir,
« Mais je ne veil mon don pas metre en nonchaloir.
— Dame, » ce dist la tierce, « or faites vo vouloir,
« Car je de moy le puis richement asseoir
« Si qu’il ne li chaura de tout vostre pooir.
1015— Comment, dame ! » dit elle, « avez vous .j. manoir
« La ou vous le ferés estre adès par estouvoir ?
« Ou despit de vous .ij. et je le ferai hoir
« De la plus fausse amour que je pourré savoir.
— Dame, » dit la seconde, « or povés esmouvoir
1020« Vo cuer, se vous voulez, ou tant a de savoir,
« Mais li enfes n’en doit ja pour ce pis avoir. »

  1. — 1007. m. il ne.