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brun de la montaigne

LIV[1]

Quant les dames de cui ma chançon se demaine,
Choissirent l’enfançon par devers la fontaine,
Si ont dit elles troys : « Il est chose certaine
940« Que cilz enfes ci est nez en ceste semaine.
— Si m’aist Diex, vous dites voir, » ce dist la primeraine
Qui des autres estoit en tout la plus hautaine ;
« Nés est nouvelement, j’en sui toute certaine. »
La seconde si dit : « Dame, il a trop de paine
945« [Eü] en ci venir ; or ne soiés vilaine :
« Faites li aucun bien, puis qu’il a vie humaine,
« A ce qu’il ait biauté qui de tous biens soit plaine,
« Et ce se non, par Dieu, ma voulenté m’amaine
(f° 22)« Afin qu’il ait de moy courtoisie si saine
950« Que s’onneur acroistra ainz que passe quinsaine,
« Si c’om en parlera jusqu’a l’iave de Saine.
« Pour Dieu, delivrés vous, si n’en soiés est[r]aine,
« Car il doit bien de vous avoir aucune vaine ;
« Por ce vous en supli, dame trés souveraine. »

LV

955La seconde, qu’en li ot bonnes voulentés,
Dit : « Dame, de par moi il sera estrinés :
« Je li otroy qu’il ait en lui toutes biautés,
« Et avec ce qu’i soit en tout si dotrinés
« C’on puist dire partout qu’a bonne eure fu nés ;
960« Et avec ce, qu’il soit en tous fais d’armes tés
« Que de toute proesce il soit plus redoubtés
« En guerres, en tournois, en tous fais esprovés,

  1. — 941. Corr. m’ait et suppr. vous ? — 945. ci, ms. ici.