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brun de la montaigne


entourant le berceau d’un enfant et lui accordant leurs dons[1]. C’est le tableau que nous offre le début de la plus récente rédaction d’Ogier le Danois, et notre auteur la connaissait, puisqu’il mentionne (v. 3399) Morgue l’amie Ogier[2]. Les merveilles de la forêt de Brece-

  1. Cf. A. Maury, les Fées du moyen âge, p. 30. — M. F. Michel a réuni, dans la note 14 de son édition de Floriant et Florete (Roxburghe Club, 1873), un certain nombre de témoignages sur le rôle des fées dans la littérature du moyen âge.
  2. Voici, d’après le ms. de l’arsenal B. 1 fr. 190, fol. 3, la scène des fées auprès du berceau d’Ogier :

    Et en la propre nuit que l’enffant fu nasquis,
    Et le corps de lui fu par dessus un lit mis,
    Et la mere mouroit, si com je vous devis,
    Y vint Morgue la fée et bien jucques a six
    De fées gracïeuses, et furent ou pourpris
    Ou li enffes gisoit en blans drappelès mis.
    La le print Gloriande qui fu suer Ansenis
    Et le desmaillota et lui baisa le vis,
    En disant : « Mon enffant, ou nom de Jhesu Cris
    « Te veul donner un don : d’estre le plus hardiz
    « Qui regnera ou monde tant que tu soies vifs.
    — Donne, » dist Sagremoire, « cis dons n’est pas petis ;
    « Puis que li hardemens est en lui si bien mis
    « Je veul qu’il ne lui faille ne guerre ne estris
    « Et que toudis en soit en sa vie garnis.
    — Dame, » dist Foramonde, « or est uns grans periz
    « Et je lui donne un don qui moult est agensis :
    « C’est qu’en champ de bataille il ne soit desconfiz.
    — Dont, » dist une autre fée blanche con fleur de lys,
    « Et je veul que des dames soit amés et servis,
    « Et que ja il ne soit de nesune esconduis.
    — Je veul, » dit la.ve. que on nomoit Beatrix,
    « Qu’il soit douz et plaisans, gracieux et faitis
    « Et qu’en champ de bataille il ne puist estre pris,