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brun de la montaigne

2980Quant relevée fu Butor li demanda
Qu’elle donra son filz si tost qu’il s’en ira,
Car ains que vespre soit du chastel istera.
Et la dame voit bien qu’autre chose n’i a ;
Si a dit a Butor : « Sire, il enportera
2985« L’anelet de fin or c’ou bois on li donna
« Car en aucune part valoir bien li pourra. »

CLXXI[1]

Et quant Butor vit ce, son fil a apellé,
Si dit : « Bruns venés ça, biax filz, par amisté :
« Je vous ai doucement nourri et alevé ;
2990« Vous en voulés aler en estrange regné.
« Il vous semble que vous avés trop demouré.
« Je ne sai qui vous a de ce fait entesté,
« Mais faire vous convient a vostre voulenté,
« Ainsi qu’il m’est avis, et lessier tout mon gré.
2995« Mais puisqu’il est ainsi, nous avons devissé
« Qu’avec vous enmenrés vo cheval pommelé
« Et mes .iij. grans destriers que je ai tant gardé ;
« Quant li uns vous faudra l’autre arés au costé ;
« Et tout .iiij. seront hautement ensellé. »
3000Et Bruns les regarda, si a .j. pou pensé,
Et quant il ot pensé, si a en haut parlé,
(f° 63)Et dit : « Sire, voulés que die verité ?
« C’un seul cheval n’avrai, par ma crestïenté ;
« Si vous pri que ce soit tout le plus abrivé.
3005— Et vous en avrés .j. » dit Butor « esprouvé,
« De quoy g’eüsse eü, n’a pas granment passé,
« Une foys cent pesans de fin or monnoié :
« Plus tost va c’uns carriaus c’on a bien enpené ;
« Et celui avrés vous : on l’a tout apresté ;
3010« Et si avrés deniers ausi a grant plenté.

    — 2984. il l’e.

  1. — 2997. gardés. — 3007. Corr. son pesant ?