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brun de la montaigne

CLXI[1]

Et quant Bruns ot oy sa nourice parler,
Si dit : « Dame, pour Dieu, vous en faut il aler ?
« Hélas ! se je mesprans en fait ou en parler,
2810« Qui avrai [je], pour vous, qui me puist dotriner ?
« Jamais ne vous verrai, ne m’en faut plus douter ! »
Et quant la dame l’ot si commance a pleurer,
Si l’ala près de lui estraindre et acoler,
Et li dit : « Biax dous filz, cel pas couvient passer,
2815« Et si faura .x. ans la fausse amour durer.
« Mais au chief des .x. ans vous en verrés oster,
« Et si ne vous lerai ja a reconforter
« Pour nulle riens qui soit c’omme puist presanter ;
« Ne ja ne vous faudrai tant com pourrai durer,
2820« Et me deüst on tous les membres decouper.
« Mais je ne pourrai plus avec vous demourer,
« Car il me faut de vous partir et desevrer,
« Mais a vo grant besoing m ’i verrés retourner.
— Dame, » respondi Bruns, « de ce vous doy loer
2825« Quant a mon grant besoing me venrés vissiter ;
« Mais je vous veil requerre pour Dieu et demander
« Si je commancerai auques tost a amer ? »

CLXII[2]

La dame respondi : « Biax filz, soiés certains
« Aussi com de la mort, que vous amerés ains
2830« Que mes cuers ne vouroit, dont vous serés moult plains :
« Quant vous amerés plus et elle amera mains,
« Et pour la grant ardeur la ou vous serés empains ;
(v°)« Et si la vous toudra .j. vieus boçus vilains

  1. — 2816. verres, corr. venrai ? — 2824. doy je l.
  2. — 2831. ainmera. — 2832. Et, corr. Tout ?