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brun de la montaigne

« S’avras .iiij. coursiers avec ton auferrant ;
« Or envoie au tresor, si l’avras maintenant.
« Aussi de par ma fame en avras tu autant
« Pour ce que as gardé loiaument son enfant.

CLI[1]

2640— Sire, » ce dit Bruiant, « mile fois grant mercis
« Quant j’ai de vous cent mars de fin or tout masis,
« Mais je sui de mon cors malement maubailis.
« Mais, s’il plaist a Jhesu, je serai tost garis,
(f° 56)« Car je sui en la main d’un trés bon mire mis.
2645« Sire, je vins hetiés a vous de mon païs,
« Or m’en faudra aler ainsi c’uns hons maumis,
« Dont je sui a meschief et tristres et marris.
« Or ne sai je comment g’i soie revertis,
« Car de ma fame y ai .ij. jonnes enfans petis ;
2650« Se je muir ou chemin il seront trop malmis.
— Amis, » ce dit Butor, « est ce voir que tu dis ?
— Ouïl, » ce dit Bruiant, « par Dieu de paradis,
« Et s’en y avoit .j. qui n’ert pas plus massis
« De Brun de la Montaigne estoit, quant j’en partis. »

CLII

2655Adonques fist Butor Bruiant apareillier,
Et furent delivré a lui tout li coursier ;
Et pour lui a son droit et son aisse couchier
Il fist une litiére errant apareillier,
Et puis mist on dedens Bruiant sans delaier,
2660Et puis si fu couvers a guisse de princier,
Et par desous son chief mist on .j. oreillier.
Et puis dont sont monté tout li cent chevalier ;
Demandé ont congié a Butor le guerrier,

    — 2636. ton, ms. tont. — 2638. autent.

  1. — 2649. enfens ; suppr. y ? — 2653. ert, ms. est. — 2654. Corr. Que B. ?