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vi
préface


d’apprécier avec quelque exactitude l’étendue de la portion qui nous manque, mais il est à croire qu’elle devait être considérable. Voici l’analyse de la partie conservée.

Butor de la Montaigne a épousé, déjà vieux, une jeune femme dont il a eu un fils. Le poëme s’ouvre au moment de la naissance de l’enfant. Le sire de la Montaigne convoque ses principaux vassaux et leur expose que son désir est de faire porter le nouveau-né dans la forêt de Breceliant, auprès d’une source où les fées avaient accoutumé de se réunir pendant la nuit. Aucune remontrance ne peut le détourner de son projet ; et finalement l’un de ses principaux vassaux, appelé Bruiant, se charge, accompagné d’une suite nombreuse, de porter l’enfant dans la forêt et de veiller sur lui à distance, pendant qu’il sera exposé auprès de la fontaine. Bientôt trois fées d’une beauté merveilleuse s’approchent en chantant de la fontaine et se prennent à considérer l’enfant. Deux d’entre elles s’empressent de le combler de leurs dons : l’enfant aura toute beauté et toute courtoisie ; il sera redouté dans les guerres et les tournois, et honoré de tous. Mais la troisième, la plus puissante des trois, piquée de ce que les deux autres l’avaient devancée, se montre moins favorable : l’enfant « sera mendiant d’amie en sa jeunesse » (v. 974) ; celle qu’il aimera ne répondra pas à son amour ; il sera un nouveau Tristan, et elle lui en donne le nom (v. 983). C’est vainement que les deux bonnes fées s’efforcent de la ramener à des sentiments plus bienveillants : elle s’aigrit de plus en plus, et veut que le malheureux enfant voie sa