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Gloire à toi, cher cousin, plus beau que tous les astres :
Al-Cheil, après ces mots, leur jette quelques piastres56.
Suis-je bien éveillé ? dit Mahmoud en fureur,
Quoi ! j’apprends que mon gendre était un imposteur !
Al-Cheil ! tu m’as trompé ! ces jongleurs sont tes frères !
Tu n’es pas, je le vois, Agha des Janissaires,
Ni le fils d’un chéïk, comme je le pensais ;
J’ai cru trop franchement ce que tu me disais !
C’est vrai, reprit Al-Cheil, je sais que c’est infâme,
Mais j’adorais Témire et la voulais pour femme,
Et je devais m’attendre, en parlant sans détour,
A me voir refuser l’objet de mon amour.
D’un langage trompeur devant toi je m’accuse ;
Mon amour pour Témire est mon unique excuse.
Maintenant tu sais tout : montre-toi juste et bon,
En m’accordant enfin un généreux pardon.
— Comment te pardonner ! Ne crois pas que j’y songe,
Je saurai te punir de ton affreux mensonge.
Je ne veux pas pour gendre avoir un bateleur,
Un mauvais baladin, un ignoble jongleur !
— Ta fille est à présent ma femme légitime,
Et la répudier me semblerait un crime.