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Je ne risque donc rien ! D’après cette pensée
Son enseigne, à l’instant, se trouva remplacée.
Il fit peindre ces mots : L’homme se croit rusé ;
Mais, hélas ! bien souvent il est désabusé !
S’il a reçu d’Allah le courage et l’audace,
En finesse d’esprit la femme le surpasse.


Tous les amis d’Al-Cheil, surpris étrangement,
Tâchent de s’expliquer un si prompt changement.
Ils se disent entre eux : « A mettre une autre enseigne
» Il faut, n’en doutons pas, que l’amour le contraigne.
» De cet écrit nouveau ne soyons plus surpris,
» C’est que sa femme est belle et qu’il en est épris.
» Dans la première lune avec femme jolie,
» Le trop d’ardeur, parfois, dégénère en folie :
» Il croyait de l’amour être toujours vainqueur,
» Al-Cheil voit à présent qu’il était dans l’erreur,
» Puisque enseigne et gaîté, tout vient de disparaître !
» Il cherchait une femme, il a trouvé son maître !
» Hier le mariage était blâmé par lui,
» Nous pouvons tous du sien nous moquer aujourd’hui.