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Je suis donc le jouet d’un horrible caprice !
Mais pour m’en bien venger, le moment est propice.
Je te tiens à présent, chez moi tu vas venir,
Et comme esclave enfin, tu vas m’appartenir !
— Tu ne m’obtiendras pas ! Et pour que je te plaigne,
Il faut faire changer cette maudite enseigne :
Car tu pourras sortir de ta position,
Si je lis sur ta porte une autre inscription.
Tu connaîtras alors ce dont je suis capable ;
Je serai jusque là toujours impitoyable,
J’en jure par mon voile ! Ainsi vois si tu veux
Rester en cet état ou devenir heureux.
Te vois-je, dit Al-Cheil, pour me tromper encore,
Te jouer de nouveau d’un amant qui t’adore,
En abusant toujours de ma crédulité ?
Non ! je ne dois plus croire à ta sincérité.
Par ce que tu m’as fait, entre nous je confesse
Que je serais bien fou de croire à ta promesse.
Mon enseigne, il paraît, te tourmente bien fort.
Tu dis qu’en la changeant tu changeras mon sort
C’est un piège nouveau que tu voudrais me tendre,
Je te connais trop bien pour m’y laisser reprendre.