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Près d’une cassolette, au milieu de la chambre,
Répandant un parfum et d’aloës et d’ambre,
Se tenait le khâdi, couché sur un divan :
Fumant le narghiler33, il tenait le Koran,
Et paraissait sortir d’un agréable rêve.
Apercevant Al-Cheil, lentement il se lève ;
Al-Cheil, en s’inclinant, répond à cet honneur,
Et, reportant sa main de sa bouche à son cœur34,
Lui dit : Sélam âleik35 ! qu’Allah te soit en aide !
O le plus grand khâdi que l’Égypte possède !
Tu vois en moi le fils d’Al-Cheil Abou Bédouinn,
Il est, comme tu sais, le chéïk36 d’El-Kassinn37 ;
Je possède déjà soixante dromadaires,
Je suis depuis cinq ans agha38 des janissaires39 ;
Je suis bien en faveur, très aimé du Sulthan40 ;
Je deviendrai Pacha41 , car j’ai place au Dhyvan42 !
Ma fortune, tu vois, peut s’augmenter encore.
Je voudrais épouser ta fille que j’adore !
En m’accordant sa main, que je veux obtenir,
Six mille talaris43 pourront t’appartenir.
— Aleik sélam, Al-Cheil, et qu’Allah te conserve !
Que d’avoir des regrets sa bonté te préserve !