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» Tu dois, sans hésiter, croire ce que je dis,
» On sait le peu d’argent que gagnent les khâdis.
» Et quant à mon enfant, la grace du Prophète
» Pour elle n’a rien fait ; car elle est contrefaite,
» Sa bouche est de travers, d’une énorme grandeur,
» Et l’absence d’un œil complète sa laideur.
» C’est la vérité pure, il faut que je la dise ;
» Tu dois apprécier cet excès de franchise.
» Si, d’après ces aveux, ma fille plait encor,
» Je veux de son époux vingt bourses pleines d’or,
» Dont dix bourses pour moi, lors de la signature,
» Et dix bourses après, pour dot de la future. »
Al-Cheil ! je t’en fais juge et dis la vérité !
En moi remarques-tu quelque difformité ?
On croit, de bonne foi, tout ce que dit mon père ;
Voilà précisément ce qui me désespère !


Comment ! reprit Al-Cheil, ton père ose tenir
Un langage si faux ! Je dois en convenir,
Et j’en prends à témoin notre divin Prophète,
Que jamais je n’ai vu de femme plus parfaite !