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On croyait voir en elle une de ces Houris1,
Que Mohammed2 promet en son beau paradis.


Un certain Musulman3 d’un joyeux caractère,
Était, comme Esou-Li, dans la ville du Kaire ;
C’était un homme aimable : il se nommait Al-Cheil.
Pour aimer les plaisirs, il était sans pareil ;
Mais tout en possédant le cœur le plus sensible,
Aux charmes de l’amour il restait inflexible.
Tous les jours ses amis chez lui le venant voir,
On fumait le chibouck4 du matin jusqu’au soir ;
Chacun des assistans, d’humeur très agréable,
Pour éloigner l’ennui racontait une fable.
En mâchant le hachihh5, un jour ces Musulmans
Étant presque enivrés, tombent sur les divans :
Tous sentent son pouvoir qui n’épargne personne,
Le délire est au comble, enfin on déraisonne.
Des femmes, l’un vantait la perspicacité,
Et leur esprit tendu vers la malignité.
Un autre prétendait que l’homme est trop novice,
Pour d’un cœur féminin connaître la malice.