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» Vers le 11 juin, il acheta une paire de pistolets ; il acheta en même temps une cinquantaine de balles, deux moules pour en fondre, de la poudre, du plomb et des capsules, dont partie a été saisie plus tard à son domicile. Sa femme de ménage remarqua, vers la même époque, qu’il était plus sombre que de coutume.

» Le 1er juillet il confia à Robert, un de ses amis, qu’il était déterminé à tuer sa femme ; qu’il avait acheté des pistolets, et qu’il voulait mettre son projet à exécution dans une huitaine. Robert, n’ayant pu le faire changer de résolution, en prévint Bailly, autre ami de Chazal. Le 2 juillet, Bailly et le frère de Chazal se rendirent chez celui-ci ; ils firent de vains efforts pour obtenir de lui la promesse qu’il renoncerait à son projet, et il refusa de leur remettre ses pistolets. Ils crurent devoir informer le maire de Montmartre, où Chazal demeurait. Le maire leur promit de tâcher de calmer Chazal, et d’avoir ses pistolets. Le 7 juillet, Bailly écrivit une lettre à la mère de la dame Chazal ; il y témoignait la crainte que Chazal, irrité de l’inexécution du jugement, ne se portât à des excès ; il la conjurait donc de renvoyer Ernest chez son père le plus tôt possible. Ernest rentra en effet auprès de son père ; mais ce dernier n’en garda pas moins son projet. Le 31 juillet, il demanda par écrit une entrevue à sa femme, demande à laquelle elle ne répondit pas. Depuis le commencement d’août, Ernest le vit souvent manier une paire de pistolets chargés. Dans la seconde quinzaine du même mois, Chazal les tira deux fois de sa poche, en rentrant vers six heures de l’après-midi, et les déposa sur son bureau, enveloppés dans son mouchoir. Presque tous les dimanches il s’est exercé à tirer ces pistolets.