Page:Anonyme - Accusation de tentative d’assassinat sur la personne de Mme Flora Tristan, paru dans le Journal des débats, 01 février 1839.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demande en 10,000 fr. de dommages-intérêts contre les maîtresses de la pension, mais un jugement confirmé depuis par la Cour le débouta de cette demande. Cependant en novembre 1836, Aline fut remise à son père par autorité de justice.

» Au mois de juillet 1837, Chazal distribua un écrit autographié qu’il avait composé pour sa défense, et qui contenait contre sa femme les accusations les plus diffamatoires. La dame Chazal s’en prévalut pour demander sa séparation de corps. Elle l’obtint en effet par jugement du 14 mars 1838, sur le fondement que les accusations contenues dans l’écrit présentaient le caractère d’injures graves. Quant aux enfans, il fut statué que le fils resterait entre les mains de son père, et que, dans le mois du jugement, la fille serait placée en apprentissage dans une maison de commerce dont les époux feraient choix, ou qui, faute par eux de s’entendre sur ce choix, serait désignée par le tribunal. Cependant le fils demeura auprès de sa grand’ mère, à Belaix (Seine-et-Oise), et la fille ne fut pas placée comme le jugement l’ordonnait. Chazal en conçut une extrême irritation. Bientôt elle fut poussée au point qu’il résolut de donner la mort à sa femme, dans le but, dit-il, de soustraire ses enfans à l’influence qu’elle exerçait sur eux.

» Le 20 mai, jour où cette pensée lui vint pour la première fois, il fit le dessin d’une pierre sépulcrale destinée au tombeau de sa femme. En tête on lisait ces mots : La Paria, allusion à un ouvrage publié par la dame Chazal, sous le titre de Pérégrinations d’une Paria. Plus bas on lisait, entre autres passages : « Il est une justice que tu fuis qui ne t’échappera pas. Dors en paix pour servir d’exemple à ceux qui s’égarent assez pour suivre des préceptes immoraux. Doit-on craindre la mort pour punir un méchant ? ne sauve-t-on pas ses victimes ? »