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L’ACCUSÉ CHAZAL : Je croyais avoir le droit de disposer de ma fille et de la conduire à Versailles. Je dus mettre obstacle au dessein que Mme Tristan avait formé de l’enlever. Lorsqu’elle fut mise en liberté, je voulus l’empêcher de partir. Mme Tristan donna 6 fr. à un cocher de cabriolet pour que je ne montasse pas auprès d’elle. Ce même cocher ameuta contre moi ses camarades, qui me rouèrent de coups, et me traînèrent par les cheveux. Je ne voulais pas laisser ma fille avec une femme dont les écrits sont une diatribe continuelle contre la société et contre l’état de mariage.

UN JURÉ : la dame Tristan convient-elle du reproche que lui fait son mari d’avoir lancé à sa tête des assiettes et d’autres meubles.

Mme TRISTAN : C’est une scène simulée que j’ai faite à la campagne, d’après le conseil des avoués, qui m’ont dit qu’il n’y avait pas d’autre moyen pour obtenir la séparation. (Rires et rumeurs dans l’auditoire.)

M. LE PRÉSIDENT : Les avoués vous donnaient là un bien mauvais conseil.

Me JULES FAVRE : Mme Tristan n’a-t-elle pas fait changer de religion à sa fille ?

Mme FLORA TRISTAN : Non. Monsieur.

M. L’AVOCAT-GÉNÉRAL : il faudrait que l’accusé signalât les passages de l’écrit intitulé : Pérégrinations d’une Paria, qui ont pu l’indisposer contre sa femme.

Le sieur Chazal entre dans de longues explications à ce sujet.

M. LE PRÉSIDENT : (au témoin) : Madame, quels sont vos moyens d’existence ?