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à Paris, en 1828, j’appris que mon mari avait fait de mauvaises affaires. Il avait placé ma fille à Versailles, chez un oncle. J’allai la chercher pour la prendre avec moi.

Interrompue par ses sanglots, Mme Flora Tristan reprend son récit : Il faisait un temps affreux lorsque je me disposais à ramener ma fille à Paris. M. Chazal arriva à Versailles en uniforme de garde national. Lorsque je passai devant la caserne, il cria aux soldats de la ligne : « Arrêtez cette femme ! C’est une vagabonde, une voleuse ! » On m’arrêta en effet, et je passai la nuit au corps-de-garde. Amenée devant le commissaire de police, je refusai d’abord de reconnaître M. Chazal pour mon mari. Je lui trouvais en ce moment une figure atroce.

Le lendemain, on me rendit la liberté ; je me sauvai avec ma fille ; arrivée à la voiture dite Gondole, qui devait nous ramener à Paris, j’y retrouvai M. Chazal qui s’efforça de me ravir mon enfant. Je donnai 10 Fr. à un cocher de cabriolet pour qu’il m’éloignât de cet homme et qu’il partît au plus vite. Je pus enfin retourner à Paris avec ma fille. Deux fois M. Chazal a renouvelé cette tentative d’enlèvement de ma fille.

M. LE PRÉSIDENT : Passez au fait du 10 septembre.

Mme FLORA TRISTAN : En suivant la rue du Bac, je vis venir M. Chazal devant moi, et à sa physionomie, je ne doutai point qu’il ne voulût m’assassiner. Alors je me résignai. Je fis cependant un mouvement du bras pour ne pas être frappée à la poitrine. Un instant après j’entendis un coup de pistolet, et me sentis blessée au côté. Je criai : « Au secours ! c’est mon mari qui m’assassine. » On me releva sans connaissance.