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La séance est suspendue depuis une heure jusqu’à deux heures moins un quart.

Mme FLORA TRISTAN paraît enfin, sa figure est ombragée d’un grand chapeau de velours vert et d’un voile noir ; elle porte un ample manteau. Ses traits sont réguliers et agréables, ses yeux noirs brillent d’un vif éclat, son teint est rembruni et décèle une origine espagnole.

Interpellée sur son âge et sa profession, le témoin déclare être âgé de trente-six ans et femme de lettres.

M. LE PRÉSIDENT : L’accusé s’oppose-t-il à ce que sa femme soit entendue ?

LE SIEUR CHAZAL : Non, Monsieur.

M. LE PRÉSIDENT (au témoin) : Expliquez-vous sur les faits qui sont à votre connaissance.

Mme FLORA TRISTAN répond d’une voix affaiblie, il est très difficile de saisir ses paroles. M. le président l’a fait asseoir. Un garçon de salle lui apporte un verre d’eau.

Mme FLORA TRISTAN : J’étais employée chez M. Chazal en qualité d’ouvrière ; c’est d’après les instigations de ma famille que je l’ai épousé. Notre union mal assortie a eu les résultats les plus funestes. Les mauvais procédés de mon mari m’ont forcée à demander une séparation de corps et de biens. À mon retour