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— D. Mais enfin vous avez tiré un coup de pistolet sur votre femme ? — R. Oui, je lui ai tiré un coup de pistolet, rien de plus simple. (mouvement) il n’y a pas besoin d’enjoliver ce fait. J’aurais pu m’échapper, je ne l’ai point fait.

— D. Vous avez été arrêté à l’instant même ?

— R. Pardon. Le mot arrêté est impropre. J’aurais pu m’évader si j’avais voulu. C’est moi qui ai dit : Messieurs, c’est là ma femme, arrêtez-moi ! et j’ai moi-même donné l’adresse du commissaire de police.

Lecture est donnée de la lettre par lequel l’accusé prévenait le procureur-général de la vengeance qu’il se proposait d’exercer sur sa femme. Dans cette pièce, l’accusé se plaint de l’inexécution de la sentence qui ordonnait de remettre sa fille dans une maison de commerce. Il se plaint que cette enfant soit restée à l’école d’une courtisane paria. Il ajoute que puisque la justice sociale est impuissante, il puisera dans son courage le moyen de délivrer ses enfans, etc.

M. PLOUGOULM, avocat-général, adresse à l’accusé quelques interpellations et le presse de déclarer quels ont été les motifs directs qui l’ont porté à commettre le crime. M. L’avocat-général donne lecture, d’après la Gazette des Tribunaux, d’allégations de l’avocat de Chazal, lorsque sa demande reconventionnelle fut plaidée en justice. La dame Chazal, née Moscoso, était traitée dans la plaidoirie, de Castillane au sang brûlant, dont les passions ardentes ont rendu son mari le plus malheureux des hommes. On lui reproche son constant oubli de la foi conjugale, comme aussi avoir couru le monde et colporté ses intrigues jusqu’au Pérou ; M. l’avocat-général demande à l’accusé si ce sont là les motifs qui l’ont engagé à tuer sa femme.