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— D. Ainsi au lieu de vous adresser au tribunal qui aurait fait droit à votre demande, vous avez préféré vous faire justice vous-même, et c’est alors que vous avez conçu le projet d’assassiner votre femme. Vous avez écrit à votre femme, et lui avez demandé un rendez-vous. La dame Chazal l’a évité, parce qu’elle soupçonnait que sa vie était menacée. Au mois de juillet, vous aviez fait part à votre frère et à un sieur Robert du projet que vous aviez conçu de donner la mort à votre femme ; ils firent une démarche auprès de vous pour vous détourner d’un pareil projet. Le maire de Montmartre, lui-même en fut prévenu.

— R. Ces Messieurs firent effectivement des démarches auprès de moi ; et sur leur prière, j’ajournai l’exécution de mon projet ; mais je ne leur promis pas de l’abandonner.

— D. Quand vous avez écrit une lettre signée du nom de Pommier pour appeler votre femme au-dehors dans quel but faisiez-vous cela ?

— R. Dans un but qui n’est pas douteux.

— D. Vous saviez que votre femme sortait rarement. Vous êtes allé sept ou huit fois chez le marchand de vin qui demeurait en face de la dame Chazal : vous vous placiez là pour épier sa sortie ?

– R. Cela est vrai.

— D. Le 10 septembre, vous avez déjeuné chez ce marchand de vin. Votre femme ne sortant pas, vous êtes allé vous promener sur le boulevard des Invalides. Revenu dans la rue du Bac, vous avez rencontré votre femme ; vous l’avez accompagnée quelques minutes, puis, faisant un circuit derrière elle, vous lui avez tiré un coup de pistolet ?

— R. le fait est vrai, mais les détails sont faux.

— D. Expliquez-vous alors.

— R. Oh ! mon Dieu, c’est chose bien simple ! Souvent ma femme et moi, nous nous rencontrions sans nous rien dire, sans nous fâcher sans même nous regarder d’un air atroce comme on l’a dit.