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— D. Cette demande en dommages et intérêts a été repoussée par un jugement du tribunal civil de la Seine ; vous avez interjeté appel et il est intervenu un arrêt confirmatif. Vous vous êtes adressé ensuite à M. le procureur du Roi pour être autorisé à reprendre votre fille qui était alors âgée de dix à onze ans. Votre fille est rentrée dans votre domicile ?

— R. Oui, Monsieur.

— D. Lorsque votre jeune fille vous a été rendue vous étiez dans un dénûment complet, et c’est alors qu’ont été révélés des actes bien immoraux de votre part. Vous couchez dans le même lit avec votre fils et votre fille. Comment est-il possible que votre conscience de père ne vous ait pas dit qu’il y avait là quelque chose qui blessait l’innocence et la candeur de vos enfans.

— R. Ma conscience me disait qu’il y avait bien plus d’inconvéniens à ce que mes enfans demeurassent avec leur mère.

Flora Tristan m’a fait un crime de mon dénûment ; elle aurait dû se rappeler qu’elle était aussi, elle, dans le dénûment quand je l’épousai et que je vins à son secours. J’étais tombé dans le dénûment par les persécutions de ma femme. Est-ce donc un crime de n’avoir qu’un lit ? Si ma femme m’avait rendu le trousseau de ma fille, j’aurais eu de quoi la coucher.

— D. L’instruction dirigée contre vous en 1837 a révélé des faits très honteux ; vous avez été poursuivis pour attentat à la pudeur avec violences sur la personne de votre jeune fille. Il est vrai que la chambre d’accusation a réformé la décision de la chambre du conseil faute de charges suffisantes. À la suite de cette affaire, vous avez publié en 1838, contre votre femme, un mémoire injurieux qui a motivé le jugement de séparation de corps ?

— R. J’avais intérêt à me justifier auprès de la société. Pour nous autres prolétaires, la société est beaucoup plus que la magistrature.