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seul livre spécial : c’est le cinquième et dernier volume du Traité des impôts, de M. de Parieu. Ce volume se compose en grande partie d’annexes et de compléments aux volumes précédents.

Les travaux historiques n’ont pas été plus abondants que les ouvrages de pure théorie. Le principal de ceux que nous ayons à mentionner est la deuxième édition de l'Histoire des classes rurales en France et leur progrès dans l’égalité civile et la propriété, par M. Doniol, 2 vol. in-8. Cet ouvrage est écrit avec autant de chaleur et de sympathie pour les classes agricoles que d’érudition. L’auteur a joint a cette édition un chapitre nouveau sur la réforme opérée dans la condition des populations rurales par la révolution, l’abolition du servage, des droits féodaux, etc. — Le prince Adam Wisziewski a donné une excellente monographie, sur un sujet peu connu jusqu’ici, dans l’ouvrage intitulé : la Méthode historique appliquée à la réforme des banques et du crédit mobilier ; Histoire de la banque de Saint-Georges de la république de Gênes, la plus ancienne banque de l’Europe, et des origines du crédit mobilier, du crédit fancier, des tontines et des amortissements pratiqués au moyen age, 1 vol. in-8o. — Bourquelot, Études sur les foires de Champagne, sur la nature, l’étendue et les règles du commerce qui s’y faisait aux xiie, xiiie, xive siècle, in-4o. Nous ne terminerons pas cette notice des ouvrages français sans mentionner la Statistique de l’industrie à Paris, résultant de l’enquête faite par la chambre de commerce pour l’année 1860. La chambre de commerce a recensé chacune des nombreuses industries qui existent à Paris ; elle a compté le nombre des patrons, celui des ouvriers, ouvrières et apprentis, évalué le chiffre d’affaires de chaque industrie, noté les salaires, et recueilli une foule de faits accessoires qui donnent une idée très-détaillée de cet immense atelier de production. Il est regrettable seulement que la chambre n’ait pas compris aussi le commerce dans son enquête. Il est vrai qu’elle a considéré comme industriels tous les marchands de détail dont le commerce suppose une manipulation, tels que les traiteurs, marchands de vin, etc.

En Allemagne, nous signalerons en premier lieu la continuation d’un ouvrage dont les premiers volumes, publiés en 1842 et en 1851, avaient produit à cette époque une grande sensation. C’est la deuxième partie du tome ii et le tome iii de l’État isolé, de M. de Thünen, dont le commencement a été traduit en français en 1851 par M. Laverrière sous le titre de Recherches sur l’influence que le prix des grains, la richesse du sol et les impôts exercent sur les systèmes de culture. Le titre français indique en effet les objets dont s’occupe ce livre. L’auteur, pour se rendre parfaitement compte des échanges auxquels donnent lieu les produits du sol, avait suppose un État isolé avec une grande capitale au centre. Il était arrivé à formuler ainsi une série de lois qui rappellent beaucoup la théorie de la rente de Ricardo, sauf que ses sympathies pour l’ouvrier de l’agriculture le rapprochaient, jusqu’à un certain point, des socialistes modernes. Les volumes qui viennent de paraître, et qui ont été publiés par ses héritiers, ne concernent que des applications spéciales de principes établis antérieurement. — M. Ch. Dietzel, professeur à Heidelberg, a donné sous ce titre : L’Économie politique et ses rapports avec la société et l’État (en allemand), un exposé général de la science usuelle. Dans l’opinion de l’auteur, la science économique est terminée ; il ne s’agit plus que d’en prouver les principes et d’en établir les rapports généraux avec l’ensemble de la société et de l’État. — M. Huhn a publié deux ouvrages destinés également a vulgariser les résultats de la science : Finanzwissenschaft, in-8o, Handbuch der Volkswirthschaftslehre, in-8o. — L’Italie et l’Angleterre ont fourni deux traités généraux : Francesco : Di economia politica, Naples, 1863, et Hearn, Ploutology, Londres, 1864. Enfin, nous trouvons un ouvrage historique en Espagne : Colmeiro, Historia de la economia politica, en Espana, 1863, Madrid, 2 vol. in-4o ; et un autre en Allemagne : Contzen, Pierres pour la construction de l’histoire littéraire de l’économie politique (en allemand). Il n’a paru de cet ouvrage qu’une première livraison consacrée à François Patricius.

Les publications périodiques que nous avons fait connaitre dans les précédents Annuaires ont suivi leur cours habituel. Il s’y est joint un recueil nouveau, l’Association, bulletin international des sociétés coopératives, qui paraît tous les mois. La société d’économie politique a débattu plusieurs problèmes importants. Une première question était ainsi posée : Y a-t-il lieu de classer les économistes en spiritualistes et matérialistes ? Parle-t-on clairement en économie politique en employant les mots déjà si peu intelligibles en philosophie, de spiritualisme et de matérialisme ? M. Mannequin, qui avait formulé ces questions, était naturellement d’avis que l’économie politique devait être traitée comme les, sciences physiques et chimiques, qui, suivant lui, sont complétement indifférentes aux théories matérialistes ou spiritualistes. On lui répondit avec justesse que l’homme et la société, dont traite l’économie politique, n’étaient pas des corps bruts comme ceux dont s’occupe la physique et la chimie. Mais, sous les formules posées par M. Mannequin, c’était évidemment le spiritualisme et le matérialisme même qui se trouvaient en question. Nous ignorons quelles sont les croyances de cet écrivain ; mais nous savons qu’il existe un certain nombre de matérialistes, de ceux surtout qui appartiennent & l’école d’Auguste Comte, qui, ayant de la répugnance a avouer leur doctrine, voudraient bannir les mots spiritualisme et matérialisme du langage,