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exprima’ l’espe>ahce qu’un jour le service postal pourrait etre gratuit. Cette opinion fut combattue par MM. Hornet Ainable Dunoyer, qui firent re- marquer que les contribuables seraient toujours obliges de payer ies frais du transport des lettres. Aujourd’hui, en effet, ia gratuite du service dela poste prbfiterait siirtout atix classes aisee’s ; mais qui sait si cette facilite nouvelle tie cohtribuer’alt pas a Instruction des classes laborieuses et s’il n’en resulleraU pas uii grand avahtage moral. En tout cas, nous he soirimes pa’s de ravia de M. J. Gamier, qui voudrait que le service 1 des postes fut une entreprise particuliere. II seralt difficile que les particuliers le fissent aiissi completement, aussi exacteinent et aiissi ecohomiqiiement que radministration publique. — Naturelleihent, la question des batiques a et6 discutee de nouveau par la Societe, etles opinions divergentes qui par- tageht le public sur ce sujet se sont reproduites dans son seiti. — La derniere question interes- sante qui ait ete debattue est celle des associa- tions ouvfieres". Les economistes admireht trop notre etat social actuel pour 6tre gehdralement favofables a Tassociation ouvriere* Aussf est-on heureux de voir qu’elle a ete defendue, contre les attaques dont elle a ete Fobjet, par plusieurs membres tels que SIM. Michel Chevalier, Horn, Gamier- Pages. Quels sont en effet les principaux reproches qu’on lui fait ? On dit qu’elie’ ne peut etre piratiquee cjue par des ouvriers d’ elite , quil faiit songer avant tout a ameliorer l’etat moral des ouvriers ,■ leur instruction, leur travail , leur economie, leur pr6voyance. Eh 1 sans doute l’as- sociatiori ne peut reussir qu’entre ceux qui pos- sedent ces qualites. Les ivrognes , les paresseux, les debauches n’en seront jamais capables. Mais quel mo’yen plus assure pour exciter la classe la- borieuse a’ acquerir rinstructioii et la prevoyance qui lui mdriquent, pour lui faire prendre en aver- sion ces vices compagnons de la misere, que de lui offrir, comme prime et recompense des efforts qu’elie fera dans ce sens, f association , c’est-a- dire le travail libre, volohtaire, intelligent et suf- fisamment remunere? Le salariat contribue cer- tainemeht a perpetuer l’ ignorance et Tincurie des ouvriers ; car pourquoi ceux qui n*ont aucune chance d’en sortir feraient-ils des efforts pour s’ameliorer eux-mftmes, lorsqu’il ne peut en sur- venir aucun changemerit dans leur sort? Si l’ as- sociation ne reussit qu’aux ouvriers d’elite, ce sera urie raison pour le grand nombre d’aspirer a faire partie de cette elite , et en realite ceja ne leur sera pas bien difficile. Car, eh somme, il he faut pas du genie pour faire partie d’une societe ouvriere : il suffit d’etre honnete homme et laborieux.A. Ott.

EGYPTE. Vice-roi, Ismail-Pacha, frere de Mohammed- Said- PacM, auquel il succeda le 18 Janvier 1863. — Consul general de France a Alexandrie, M. Tastu. Le vice-rbi a fait,- depuis le dernier Ahniiaire^ plusieurs excursions qui n’ont present^ rien de bien caractenstique. On a attribue cependaht une graride importance a sOri voyage sur le haut Nil qui se* rattachait, disait-on, a des projets de lignes tel6graf>hiques et de chemins de fer. Une simple promenade qu’il fit eri voitiire, du Gaire a Casr-EUNil, le 11 decedbre’ 1863, causa ail Caire eta Alexandrie line tres-vive emotion, tl y cou- rut, en effet, un grand danger; ses chevaux, s’ ex- tant emportes, s’61ancere’nt avec rapidite du c6t6 du Nil ; mais Ismail-Pacha, ouvrant la portiere, s’etait 61anc6 bors de la voiture saris 6prouver le moindre mal. On aurait pu croire que le nouveau vice-roi suivrait exacteinent la m6me politique que son predecess’eur vis-a-vis de la’ Compaghie de Hsthme de Suez ; il avait, en effet, apprduv’6 les coiitrats passes avec M. de Lesseps par Mohamme’d-&aid et avait dohne des teinoigriages eclatants’ de sasyiri- pathie pour cette entreprise qui, dans un prochaih avenir, eievera l’figypte a uh haut degre de prds- perite. Mais il ne tarda pas & manifester cTautres intentions. II se prit a regretter la concession de terrains que Mohammed-Said avait faite alaconi- pagnie pour quatre-vingt-dix-neuf ans et entre- prit de resilier le cohtfat eh vertu duquel le gou- vernement egyptien s’etait engage a fournir jus- qu’a trente ou quarante mille travailleurs pour le perceirient de risthme. Cette cohduite n’6tait ni jiiste ni loyale. Les concessions faltes a la com- pagnie avaient determine les souscripteiirs a ver- ser leur argent ; on ne pouvait done la lui re- prehdre sans porter atteinte aux princip’es de la plus simple 6quite ; des terrains voues a une 6ter- neile sterilite allaient redevehirfecohds,etil6tait exorbitant de les enlever a ceux qui rendaient a Tfigypte un si grand service. Quant aux travail- leurs, oh ne pouvait serieusement invoquer raboli- tion de la corvee, car le propre de la corvee est d’imposer aux fellahs un travail gratuit, tahdis que les ouvriers employes sur le sol de risthme etaient couvenablement rietribues. Mais le vice- roi avait un parti pris et il ne voulut rien enten- dre. Le prix du colon avait augmeute dans de grandes proportions a la suite de la guerre d’ A- merique, et Ismail-Pacha voulait profiter d’une si belle occasion pour accroitre les cultures cotoh- nieres sur ses immenses proprietes et sur celles des hommes les plus riches et les plus influents du pays, ce qui necessitait Femploi des ouvriers occupes & creuser le canal des Deux-Mers. Quant aux terrains concedes, il craighait, dit-on, de voir radministration intelligente de lacompagnie y attirer un trop grand nombre de fellahs, et voulait, d’ autre part, ^assurer a l’fegyple les be- nefices des irrigations qui devaient les trans- former. L’Angteterre, sans t doiite, Tencourageait et exercait sur lui une double influence qui se ma-