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ainsi que l’annonce de la découverte. de plusieurs chambres voisines de la maison de Tibère, avec dés peintures murales bien conservées ; enfin, de M. le comté de Yogiié, une étude sûr les noms divins dans les inscriptions -nazaréennes. ...

Cette dernière communication a été le point dé départ d’une brillante discussion, à laquelle ont pris part MM. de Rougé, Renan, de Vogué, Ravaisson, A. Maury, Ad. Régnier, etc. Deux systèmes se sont trouvés en présence ; l’un, soutenu par M. Renan, consiste à voir dans les races sémitiquesungroupe ethnographique, caractérisé par des mœurs et des langues spéciales, par des doctrines religieuses généralement monothéistes ; l’autre, soutenu par MM. de Rougé, Ravaissoû et Régnier, conteste la valeur dp prétendu groupe sêmiliqueélabli par M. Renan, et admet que l’idée monothéiste, loin d’être l’apanage exclusif des sémites, se retrouve plus ou moins altérée par le temps et voilée par les mythes au fond du polythéisme de l’Inde, delà Grèce et de l’Égypte,

De chaque côlé, les opinions ont été défendues avec beaucoup de science et d’ardeur, sans que l’on puisse, pour le présent, en tirer d’autres conclusions que celles-ci : 1° le groupe sémitique, avant d’être définitivement constitué, appelle des investigations historiques, philologiques et philosophiques plus amples ;’2° le mouolhèisme d’Israël au sein des sémites, généralement idolâtres, est un phénomène aussi étrange que s’il se fût produit dans l’Inde ou dans la Grèce ; 3° l’idée monothéiste apparaît comme une tradition très-ancienne et persistante dans les religions de l’Inde, de l’Égypte et delà Grèce.

Les communications des savatits étrangers à l’Académie ont été nombreuses et importantes ; force nous est de choisir. M. Giacomo Lumliroso, de Turin, a discuté l’authenticité, souvent contestée, d’une lettre d’Aristide à Philo-’ çrate, relative à la version grecque des livres saints par les soixante-dix interprètes hébreux (septante). Cette authenticité est défendue victorieusement par M.’Lumbroso.. M. Henzen, savant allemand chargé de diriger les fouilles entreprises à Rome par le roi de Prusse, a fait connaître, par l’intermédiaire de M. L. Rénier, les résultats intéressants obtenus sur l’emplacement du bois sacré des frères Arvales. Grâce à ces découvertes, les tables des frères Arvales, sortes de registres sur lesquels ce collège de prêtres inscrivait au jour le jour les cérémonies auxquelles il présidait, — sont plus complètes et enrichies de nouvelles inscriptions. On comprendra de quel secours ces indications sont pour l’histoire, quand on saura que les cérémonies dont il est question jouaient un rôle public et politique dans la plupart des cas, ANNUAIRE IX.

qu’elles intervenaient fréquemment dans la vie intime des empereurs. Déjà ces tablés ont rétabli ou révélé nombre de faits.

M. Marielte-Bey, notre compatriote, directeur du musée égyptien de Boulacq, a lu une note Sur le temple de Denderah, mis au jour par ses recherches. M. Ernest Desjardins a communiqué des observations sur la Gaule, d’après la table de Peutinger. Ces observations constituent on partie la préface d’une nouvelle édition de cette table, l’un des plus précieux monuments que nous possédions sur la géographie de l’empire romain. Elle avait déjà été publiée en Allemagne, mais incorrectement. M. Adrien de Longpêrier a fait connaître des recherches de M. René Galles sur la destination des menhirs. Suivant des indications recueillies en Kabylie, où les monuments analogues à ceux’de la Bretagne ne manquent pas, M. Galles en est venu à penser que ces monolithes ont été érigés dans le voisinage des lieux marqués paries réunions des tribus celtiques, en souvenir et en témoignage d’alliances conclues ou de résolutions prises en commun. Chaque tribu avait sa pierre, son témoin, sa signature, qui la représentait dans cette assemblée muette et permanente ; si elle manquait à la foi donnée, cette pierre était renversée en signe de trahison et de félonie. Telle est encore aujourd’hui la pratique de certains cantons en Kabylie.

Sur le rapport de M. F. de Saulcy, l’Académie a décerné le prix de numismatique à M. Hucher, pour son Art gaulois. Le prix Gobert a été accordé, en première ligne, à M. Roget de Belloguet, pour son Ethnogénie gauloise ; en seconde ligne, à M. de Chautelâuze, pour son Histoire des sires de Bourbon et des comtes du Forez. Le prix Yolney est échu.à MM. Dozy et Engelman, pour le Glossairedes mots espagnols et portugais dérivés de l’arabe. Le prix ordinaire, sur cette question : Économie politique sous les Lagides, a été donné à M. G. Lumbroso ; une mention honorable a élé attribuée à M. Félix Robiou.

Dans le concours des antiquités nationales la première médaille a été accordée à M. F. Godefroy, pour son Dictionnaire critique et historique, de l’ancienne langue française, âa seconde, à M. Longnon, pour ses Vassaux du comté de Champagne et de Bric, la troisième, à M. Luzel, pour son premier volume des Chants popu laires de la Basse-Bretagne.

ORDINAND DELAUNAY.

ACADÉMIE DES SCIENCES. — N’ayant pas à nous occuper ici de la mystification dont M. ChàSl.es a élé victime (V. PASCALetNEWTON), nous pas- serons immédiatement au compte-rendu des travaux de l’Académie. Parmi les mémoires dé mathématiques présentés l’année dernière au « premier corps savant du monde, » nous signa-

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