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de 1,000 francs, le jardin scientifique et d’acclimatation, "connu sous le nom de Jardin d’essai. Elle a pris un intérêt dans l’exploitation des forêts des Beni-Salâb, des Beni-Foughal et de TAkfadou (12,000 hectares), situées dans la province de Constantine, Elle a acquis les car- . rières de marbre ; de Filfila, à 20 kilomètres de Philippeville. Elle a étudié et préparé les projets de huit barrages réservoirs, dont cinq dans la vallée du Cheliffèt trois autres dans la plaine de la Metidja et dans la vallée du Saf-Saf. Elle a en vue aussi le dessèchement du lac Fitzara, ou. Fzara, près de la ville de Bône.

Dansson assemblée générale du Ï2avril869, cette société a constaté que dès la première année, le total des opérations d’escomptes ou de recouvrements de ses comptoirs s’était élevé à 36,266,500 francs, dont le produit brut a été de 328,580 fr. 33 c.

Selon ses prévisions, la progression de ses affaires doit s’"élever en 1869 à 60 millions pour les effets escomptés en Algérie. Elle a exprimé •l’espoir d’attirer bientôt des Européens sur les territoires qu’elle possède, soit dans la vallée duCheliff, traversée par le chemin de fer d’Alger à Oran, soit près de la route en exécution de Constantine à Guelma. Elle annonce aussi l’intention defondér un village à l’Oued-Besbes, â 25 kilomètres de Bône, sur un lot de 3,540 hectares en terres de labour et en prairies fertiles. Elle offre aux colons qui viendront s’y fixer, de leur construire des maisons au milieu de lots de 30 à 40 hectares et de leur vendre la terre et l’habitation moyennant annuité.

Massacre de l’Oued-Mahouine.—Des relations commerciales assez actives s’étaient établies entre Guefsa (Tunisie) et l’intérieur de l’Algérie. Les marchands de Guefsa expédiaient sur Tébessa, et de là dans les trois provinces algériennes, des huiles, des tapis de laine, etc, et ils achetaient en échange dos grains, des cotons teints, des mouchoirs, du coton écru, du coton Blanc, etc. "

Le 5 avril 1869, une caravane composée de gens de Guefsa et des Ouled-Redouan arrivait à Tébessa, y restait jusqu’au 13 pour opérer des achats de grains et en repartait le 14 pour retourner à Guefsa. Elle se composait de 20 Arabes, d’une femme indigène et de 3 israélites, en tout 30 personnes allant à pied, avec un convoi d’une cinquantaine de chameaux et d’ânes chargés. La valeurdu chargement était d’environ 60,000 francs, dont 10,000 en numéraire. Le

!5 avril, après avoir traversé TOued-Mahouiné,

la caravane fut soudainement assaillie et enveloppée par 150 cavaliers des Nemenehas, appartenant partie aux Brarchas, partie aux Alîouiîa. Elle se trouvait encore sur le territoire français, à 6 heures de marche.de la frontière de la Tunisie. À la tête du goum agresseur

étaient les caïds El -Afsi, fils du caïd Gabah, Mohamed-ben-Ali, Belkassem-ben Nasseur-ben Mechery, tous trois de la tribu des Nemenehas, etSalhaben-Redjim (de Tébessa). Les israélites engagèrent leurs compagnons de la caravane à ne pas faire usage de leurs armes, pensant qu’ils ne seraient que volés. Yaine précaution ! Ben-Gabâh ordonne qu’ils soient mis à mort. Le massacre commence. ’Plusieurs des Tunisiens tombent. Les trois israélites implorent la clémence des brigands et invoquent leur qualité de sujets français. Ils sont d’abord conduits hors du lieu deT’-attaque. La boucherie continue. Les 26 hommes de la caravane sont égorgés. Seule, la femme indigène, blessée d’une balle, peut échapper. Le chargement est aussitôt pillé, enlevé. Quant aux trois israélites qui se réclament de leur nationalité, ils, n’en avaient pas fini avec les bandits. Les caïds Ben-Gabah, Mohamed-ben-Ali et Ben-Nasseur et Mechery reviennent sur eux, s’emparent de leur chargement, de leurs vêtements et les laissent complètement nus. Ben-Gabah dit aux siens :

« Tranchez-leur la tête. Les veines se sécheront ; » mais il se ravise, ordonne à un des israélites de tendre la main et y dépose. trois balles. Il charge alors soigneusement son fusil avec une de ces trois balles, recule de quelques pas et tire dans le groupe. Nani, fils de Braham Chamouni, tombe frappé par derrière d’une balle qui le traverse. Les deux autres israélites, dont l’un était blessé, doivent leur salut à l’intervention de fledjim (de Tébessa).—Des Arabes, parents des victimes, s’étant rendus sur les lieux du massacre, purent reconnaître que trois d’entre elles n’étaient que blessées, mais grièvement. Braham Chamouni, père de l’infortuné israélite Nani, a dû s’adresser, à prix d’argent, aux assassins de son fils, pour savoir où trouver son cadavre. Le caïd Mohamed-ben-Ali et deux Nemenehas, ont reçu pour ce service une somme de 250 franes.—Quant aux caïds, auteurs du massacre, quoique tenant leur investiture de l’autorité française etplâcés sous ses ordres, ils n’ont pas craint de raconter leurs prouesses, à leur retour à Tébessa.

Celte sinistre affaire, qui eûtpeut-être : pass’ée ignorée, Comme tant d’autres, sans l’appui de solidarité coreligionnaire prêtée au père du malheureux Nani, par le consistoire israélite, et sans l’énergique publicité donnée à ces faits par le journal l’Indépendant de Constantine, a eu un grand retentissement en Algérie et en France. Les bureaux arabes ont reçu l’ordre d’ouvrir une instruction complète. Cependant, dèsledébut de cette instruction, on apprenait que le caïd Mohamed-ben-Ali avait quitté Tébessa, où il se promenait librement un mois après le meurtre, emportant ses biens, avec quelques personnes de sa suite. Quant au célè-