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férence sans ccnnaîlrele programme des délibérations, et que, dans tous les cas, il ne voulait rien retrancher des cinq points de son ultimatum. Mais pendant que cette dépêche s’acheminait vprs Paris, les négociations continuaient par la voie télégraphique et la Porte consentait à se faire représenter à la conférence par son ambassadeur auprès du gouvernement français.

La première séance de la conférence fut fixée au 9 janvier 1869.

Pendant ce temps, la Turquie et la Grèce faisaient de grands préparatifs militaires. Cependant le gouvernement ottoman consentait, sur les instances des ambassadeurs de France et d’Angleterre, à ce que les sujets hellènes placés sous le coup de l’expulsion, fussent divisés en deux catégories, celles des hellènes originaires de la Grèce et celle des sujets ottomans naturalisés Hellènes. Les premiers devaient être tolérés en Turquie, sauf ceux qui étaient suspects de fomenter des troubles ; c’était une magnifique occasion pour les pachas et pour lesfouctionnaires turcs, et ilsne manquèrenlpas de faire peser cette accusation sur une foule de gens inoffensifs, soit pour satisfaire des haines personnelles, soit pour leur extorquer de l’argent. Quant aux Grecs ottomans naturalisés Hellènes, ils devaient ou quitter le pays, ou renoncer à la nationalité hellène.

Pendant que tout se préparait pour la réunion de la conférence internationale, un incident menaça tout à coup de paralyser la bonne volonté des puissances. Un officier anglais, M. Hobbart, nommé amiral de la flotte ottomane, et monté à bord de la frégate Hudavandikias, accompagné du steamer l’Ezzeddin, 1 avait rencontré, le 14 décembre, à six milles de l’île grecque de Syra, suivant son rapport, à un mille et demi seulement, suivant le rapport du capitaine grec, le vapeur hellénique l’Enosis. Il avait donné ordre à l’Ezzeddin de le suivre et de tirer à blanc pour le forcer de s’arrêter ; mais l’Enosis, répondant par une charge à bou-Ipt qui avail détruit dpux embarcations turques, l’Ezzeddin avait riposté, el Hobbart-Pacha, ayant pourchassé le bâtiment grec jusqu’à l’entrée du port de Syra, voulait absolument l’y suivre pour s’en emparer. L’Enosis ravitaillait depuis près de deux ans les insurgés crétois ; Jes Turcs étaient donc irrités contre lui, et Hobbart prétendait que ce navire avail fait acte de pirate en canonnant un bâtiment de guerre qui s’était contenté de tirer à blanc pour le stopper. Mais le capitaine del’Enosis affirmait, au contraire, que les deux bâtiments turcs avaient commencé le feu avec leurs gros canons et leurs fusils. Les consuls, accourus auprès de Hobbart, lui avaient représenté la gravité de l’acte qu’il voulait accomplir, et il s’était contenté alors de bloquer le port pour empêcher la sortie de l’Enosis et d’un autre vapeur grec, la

Crète qu’il qualifiait également de pirate. La nouvelle de la poursuite de l’Enosis par l’amiral ottoman était à peine arrivée à Athènes que le gouvernement expédia à Syra la frégate grecque Hcllas, avec l’ordre de sommer Hobbart-Pacha de quitter le port, et au cas de refus, de l’attaquer, de le couler ou de se faire sauter. Le bâtiment français, le Fo)-bin, commandé par M. Meyer, s’était dirigé en toute hâte vers Syra, et à peine y était-il arrivé que la frégate Hettas y entrait elle-même (16 décembre). On avait, fort heureusement, déterminé Hobbart-Pacha à sortir du port et à croiser en vue de Syra. Le conflit qu’on craignait fut ainsi écarté et l’amiral ottoman fit transmettre au commandant de l’Hellas, par l’intermédiaire de M. Meyer, commandant du Forbin, une lettre pour l’inviter àarrêter l’Enosis. Celte demande demeura sans résultat, et il en fui de même de celle d’une poursuite de l’Enosis devant les tribunaux compétents qu’Hobbart n’avait pas duement formulée. Les représentants des puissances étrangères s’efforçaient vainement d’aplanir cet incident, qui pouvait avoir de graves conséquences ; le 24 décembre, le gouvernement hellénique déclarait administre de France à Athènes que la seule solution possiblp de l’incident élaitla retraite d’Hobbart-Pacha, après le dépôt, entre les mains du procureur du roi de Syra, d’une plainte qui suivrait son cours régulier devant un conseil de jurisconsultes. Or, ce conseil déjà formé avait exprimé, sous la forme d’une consultation, l’opinion qu’une poursuite du capitaine de l’Enosis était impossible, 1° parce que Hobbart-Pacha l’avait attaqué le premier ; 2° parce que l’attaque avait eu lieu, non pas à six milles de Syra, comme le disait l’amiral ottoman, mais à un demi-mille seulement (documents diplomatiques ; mars 1869, page 83), et par conséquent dans les eaux grecques. La consultation allait plus loin ; elle déclarait que le capitaine de l’Enosis serait dans son droit en demandant « une réparation à la Turquie, par la raison que, en pleine paix, et pendant que les relations entre elle et la Grèce subsistaient encore, des bâtiments de guerre turcs s’étaient permis de donner la chasse, contrairement au droit des gens, à un navire sous pavillon hellénique, dans les eaux de la Grèce et jusque dans la mer terrilerialp dp la Grèce.» Enfin, grâce aux constants efforts des représentants de la France, et du commandant du Forbin, le différend entra dans une voie juridique. Le 29 décembre 1868, Hobbart-Pacha déposa une plainte régulière contre l’Enosis entre les mains du procureur du roi de Syra, etlegouvernement grec prit l’engagement que l’Enosis ne quitterait pas Syra pendant toute la durée du procès. C’est à bord du Forbin, terrain neutre, que le procureur du roi de Syra reçut les-dé-