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tratiyes, ce n’est pas la faute du comité de salut public, et j’ajoute que nous n’avons pas encore reçu de rapport du colonel Rossel. » Deiescluze, se levant à son tour : « Vous discutez, dit-il, quand on vient d’afficher que le drapeau tricolore flotte sur le fort d’Issy. Citoyens, il faut aviser sans retard. J’ai vu ce matin Rossel, il a.donné sa démission. Il est bien décidé à ne pas la reprendre. Tous ses actes sont entravés parle comité central ; il est à bout de forces. Je. fais un appel à vous tous... déposez aujourd’hui vos haines. Il faut que nous sauvions le pays. Le comité de salut public n’a pas répondu à ce qu’on attendait de lui. Il a été un obstacle au lieu d’être un stimulant. Je dis qu’il-doit disparaître. Il faut prendre des mesures immédiates, décisives. La France nous tend les bras ; nous avons des subsistances ; faisons encore huit jours d’efforts pour chasser ces bandits de Versailles. La France s’agite ; elle nous apporte un concours moral qui se traduira par un concours actif. Il faut que nous trouvions dans les braves du 18 mars et dans le comité central, qui a rendu de si grands services, des forces pour nous sauver. Il faut constituer l’unité, dir commandement. J’avais proposé. de maintenir l’unité de direction politique ; cela n’a servi à rien. On en est arrivé au comité de salut public. Que fait-il ? des nominations particulières, au lieu d’actes d’ensemble. Il vient de nommer le citoyen Moreau comme délégué civil à la guerre., Alors qu’est-ce que font les membres de la commission "delà guerre ? Nous ne sommes donc rien ? (Deiescluze faisait partie de cette commission.) Je ne puis l’admettre. Nous avons été-nommés sérieusement par la commune et nous ferons sérieusement notre devoir L’administration pure et simple de la guerre a été confiée au comité central. Qu’at-il fait ? Je n’en sais rien. Mais enfin, si le comité central, acceptant la situation qu’on lui a faite, veut aider le travail qui doit se faire ’ maintenant pouf réunir les éléments, épars de la défense de Paris, que le comité central soit le bien venu ! Votre comité de salut public est annihilé, écrasé sous" le poids des souvenirs dont on le charge, et, il néfait même pas ce qu’on pourrait attendre d’une simple commission exécutive. »’-'•.

On peut juger par le discours que nous venons d’analyser de l’état de désarroi de la commune. Au moment où les troupes de Versailles prenaient possession du fort d’Issy, • la commune se constitua en comité secret, après avoir entendu le discours fiévreux de Deiescluze, et elle adopta les résolutions suivantes : 1° remplacement des membres du comité de salut public, qui se mettra en permanence à l’hôtel de ville ; 2° nomination d’un délégué civil à la guerre, qui sera assisté de la commission militaire en permanence ; 3° formation. d’une commission de trois membres chargée de rédiger, sans délai, une proclamation ; 4° suppression momentanée des séances quotidiennes de la commune, qui ne se réunira plus que trois fois par semaine en assemblée délibérante, sauf le cas où elle devrait se réunir d’urgence sur la proposition de cinq de ses membres ou sur celle du comitë de salut public ; 5° réunion en permanence des membres de la commune dans les mairies de leurs arrondissements respectifs pour pourvoir aux besoins de la situation ; 6° création d’une cour martiale dont les membres seront nommés immédiatement par la commission militaire.

— Conformément à la décision que nous venons’ de mentionner, le comité de salut public fut composé des citoyens Ranvier, Antoine Arnaud, Gambon, Eudes et Deiescluze. M. Deiescluze fut nommé, en outre, délégué civil à la guerre. Que la commune triomphât et il devenait maître de la.situation. C’était le but qu’il poursuivait depuis la révolution du 18 mars. Un décret du 26fioréal(16 mai) nomma en outre un commissaire civil auprès de chacun des trois commandants des trois armées delà commune. (F. SIÈGE DE PARIS.)

11 mai (21 floréal). — On avait affiché sur les murs de Paris une proclamation de M. Thiers, datée du 8 mai, qui engageait les Parisiens à faire cause commune avec l’armée qui bientôt entrerait dans la ville. ;(7. SIÈGE). Le comité de salul public y répondit par l’arrêté suivant :

« Vu l’affiche dusiéur Thiers, se disant chef du pouvoir exécutif de la république française ; considérant que cette affiche, imprimée à Versailles, a été apposée sur les murs de Parispar les ordres dudit sieur Thiers ; que dans’ ce document, il déclare que son-armée ne bombarde pas Paris, tandis que chaque jour des femmes et des enfants sont victimes des projectiles fratricides de Versailles ; qu’il y est fait, appel à la trahison pour pénétrer dans la place, sentant l’impossibilité absolue de vaincre par les armes l’héroïque population de Paris, arrête : Art 1er. Les biens-meubles des propriétés de Thiers seront saisis par les soins de l’administration des domaines ; — Art. 2. La maison de Thiers, située place saint Georges, sera rasée ;

— Art. 3. Les citoyens Fontaine délégué aux domaines, et J. Andrieu délégué aux services publics sont chargés, ’chacun.en ce qui le concerne, de l’exécution immédiate du présent arrêté. » Félix Pyat, dans son journal le Vengeur, s’exprimait comme il Suit, au sujet de ce décret : « Au nom de Paris, au nom de la France, aunom de l’humanité, que son nom parricide soit trois fois maudit 1 le jour de sa naissance maudit ! le jour de sa mort fêté ! que sa maison