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accorda, ; par privilège spécial, des brevets d’imprimeur,

à des corporations ouvrières, dont l’un, : :précisément, imprima les journaux les plus

hostiles à.l’empire.

Nous n’avons.pas.à apprécier ici ces actes de la politique-impériale, et nous ne les condamnerons pas, comme tant d’autres, les yeux fermés. L’époque.où nous vivons.a des exigences qui lui sont propres..M..Gladstone, qui.n’est pas ; un révolutionnaire, ; l’a.constaté lui-même. ’ « De quelque ’façon qu’on le juge, ..disait-il en’ 1865, le xixe siècle est le siècle de la classe ouvrière. » La question sociale existe en effet, : màis les problèmes qu’elle soulève ne sont pas mûrs encore, et l’empereur, en cher- : chant à. en résoudre quelques-uns, a créé la pente qui devait l’entraîner.-Il importait, dans le.grave-sujet qui ’nous, occupe, de passer en revueles principaux, actes, de la politique im- ; périale qui.s’y rattachent de près ou de loin. ; Nous allons dire maintenant, ce qu’enont pensé i les lémoins.de l’enquête.

«■L’origine la plus ; rapprochée des.événements dû 18 mars, — dit le général. Trochu, — i —c’est : Ce faitjinfiniment regrettable, pour notre ! ipays, et.selon, m.oi, : infîlHimeht coupable, que lé, gouvernement de l’empire recherchait évidem- ; ment la popularité par tous les moyens avoua- ! blés et non avouables, en caressant la démagogie. - Pour moi, en politique, l’empire et la ; ■.démagogieétaientdesfrôressiamois, bien qu’en- ; nemis aufond. Je, ne rappellerai pas par quelle ! —série d’actes gouvernementaux l’empire a créé : dans la démagogielés agitations, les espérances ’ •et la force.qui ontpréparô le 18 mars. M. Tolain I n’a-t-iLpas déclaré à la tribune que.pour faire ! entrer/en France-un imprimé de l’Internatio—nale, il y avait eu une négociation entre, elle et le ministère de.l’intérieur, ; et. que l’autorisation : avait été promise sous la, condition. que l’im- ; primé-portât un compliment/.pour le libéra- ; lisme de l’empire. »

L’ancien, gouverneur de Paris, .a peut-être ! trop, oublié, dans cette appréciation, les tendancéspersonnelles de NapoléonlII, et l’on peut

appliquer cette remarque aux paroles suivantes ; de M. Picard : «L’empire, avec une imprudence • extrême, ;—je.n’aime pas à accuser l’empire, mais.puisquéfnous faisons de l’histoire il faut mettre au premier.plan cette cause.de nos mal- ! heurs, —, l’empire, quand.11 a vu que soif prestige diminuait, que sa politique était chancelante, et qu’il a renoncé à la politique autori-i taire, sous la pression de l’opinion publique, a ou la pensée de pactiser, de plus.en plus, avec ! la démocratie la plus avancée, et d’opposer cette ! : ■démocratie.à la classe.moyennent.aux.opinions ! modérées.» ’ ' - j ■

Ecoutons à son tour M.. Marseille, chef de la division de ia presse et du colportage à la pré-

fecture de police : «Toutes les fois, dil-i5, que ■’■ les classes ouvrières demandaient quelque chose, l’empereur, pour obéir au suffrage universel, se montrait toujours favorable à leurs exigences.» Ici, les reproches adressés l’empire sont dirigés en même temps contre le suffrage universel, et cette opinion est exprimée plus vivement encore par M. Mettetal,

; membre de 1’asseniblée nationale, et ancien

chef de division à la préfecture depolice. Voici ses propres expressions :

« Comme on avait fait du suffrage universel la base de toutes les institutions, comme c’était là qu’il fallait aller chercher un point d’appui si l’on voulait.arriver à quelque chose, l’opposition et le gouvernement ontélë amenés à la flatterie, par les-moyens les plus diverse-On-a spéculé sur les aspirations du peuple. ’L’oppo-

; sition a cherché là son point d’appui, legpuver-
; nement s’est défendu en en faisant autant. Je
.crois qu’en se laissant aller à cette pente, il

, .allait contre son premier intérêt, de même que

contre sa véritable mission et contre les inlé-
; rôts conservateurs et sociaux dont il était,

avant tout, le gardien.’Je me sens à l’aise pour le dire ici, parce ique je le lui ai dit à lui-même

; dans la mesure où je pouvais le faire, à ma
place hiérarchique.’Jéle lui ai dit dans un esprit.

de vraie fidélité. Ces intérêts dont la défense était le meilleur et le plus sûr -moyen de fortifier sa dynastie, il lésa quelquefois trop abandonnés au soin de sa popularité ou à des

; "difficultés du moment..... Dans cette espèce de
course.au clocher qui s’exécutait, entre le gouvernement

pour se défendre et l’opposition

pour attaquer, on a livré, en quelque sorte, au jour le jour à la démocratie tout ce qu’elle demandait, en lui faisant àpeuprôschaque année une nouvelle concession. C’est ainsi qu’on est arrivé à ce socialisme indirect qui n’était pas toujours ouvertement avoué, mais qui n’en était pas moins dangereux sur le terrain de la législation. On en est arrivé à exciter les passions démagogiques et populaires, sous le prétexte d’amélioration du sort des classes ouvrières ; on a fait des concessions petites, en apparence, mais en réalité très-graves par rapport à l’ordre publie. On a renoncé à des garanties, à des précautions traditionnelles dont laclasse puvriêre demandait le changement... Loin de la calmer, les concessions qu’on lui avait faites n’avaient eu pour résultat que de l’agiter. Plus on lui donnait, plus elle exigeait... c’est ainsi qu’on est arrivé à former cette effrayante collectivité qui comprend à Paris 200,000 individus marchant comme un seul homme... Il est manifeste pourmpi qu’il s’était ainsi formé des appétits et développé des instincts tels qu’une effroyable crise sociale était inévitable et n’était plus qu’une affaire d’occasion.