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munications nouvelles ouvertes au commerce ! que de régions vierges livrées à l’industrie humaine ! Combien de villes florissantes et de premier ordre, là, où on ne voyait, il y a vingt ans, que de misérables villages ou le désert ! Nous citerons en dernier lieu l’Annuaire de l’économie politique qui se publie régulièrement depuis 1844, et l’Annuaire international du crédit public, de M. Horn, qui a paru pour la première fois en 1859, ouvrage véritablement utile et qu’on peut considérer comme une tentative heureuse pour le rapprochement des grands intérêts européens, qui tendent de plus en plus à se mêler sans se confondre.

Il nous reste a parler des publications historiques qui ont trait à l’économie politique. Nous avons à citer sous ce rapport : Cibrario, Économie politique du moyen âge, traduit en français par M. Barneaud, 2 volumes in-8o, ouvrage dont le commencement avait été déjà traduit en 1846. À la manière des auteurs italiens, M. Cibrario comprend, sous le titre d’économie politique, tout l’ensemble des institutions politiques et sociales ; son ouvrage dépasse donc de beaucoup les limites ordinaires de la science économique et ne s’y renferme que dans la troisième partie, ou il traite de la valeur des monnaies ainsi que du prix des objets et notamment des grains au moyen age. — Jos. Michon, Des céréales en Italie sous les Romains. C’est une thèse de doctorat, dans laquelle l’auteur a montré des connaissances variées, tout en laissant à désirer, notamment au point de vue économique. — Levasseur : Histoire des classes ouvrières en France, depuis Jules César jusqu’à la Révolution, 2 vol. in-8o, ouvrage couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, et l’un des travaux les plus importants qui aient été publics en 1859. Sous la dénomination de classes ouvrières, l’auteur comprend tous ceux qui vivent de l’industrie, depuis le simple apprenti jusqu’au gros marchand, et son livre embrasse la production industrielle et l’échange sous tous leurs aspects, la manufacture royale comme l’atelier de Partisan, les grandes compagnies de commerce comme la boutique du détaillant, la condition du patron comme celle de l’ouvrier ; mais ce qui en fait le fonds et ce qui revient a chaque instant, c’est l’histoire des corporations d’arts et métiers, car en effet le régime des corporations a domine l’industrie en France jusqu’à la révolution. L’ouvrage de M. Levasseur est le premier travail complet sur cette matière, et c’est en même temps un travail consciencieux, intéressant, et qui témoigne de recherches approfondies, notamment pour la période comprise entre le xviiie siècle et la révolution, pour laquelle l’auteur a fait usage de nombreux documents inédits. La période romaine et celle qui comprend les deux premières races des rois de France laissent plus à désirer. Il est évident d’ailleurs que l’auteur n’a pas voulu seulement faire une œuvre d’érudition, mais un ouvrage d’une lecture attachante et facile, et qu’il se trouvait renferme dans des limites restreintes. On ne saurait donc lui en vouloir de ne pas avoir épuisé son sujet, d’autant plus qu’il s’est suffisamment arrêté sur les détails principaux ; ses jugements reposent généralement sur une saine appréciation des circonstances, sauf qu’il cède un peu trop a la tendance de justifier tous les faits accomplis ; mais cela n’ôte rien au nombre et a l’excellence des renseignements que l’on trouve dans son livre. Il nous reste à citer l’ouvrage de M. Faugere, le Zollverein, ou l’union des douanes de la Prusse et des États allemands, 1 vol. in-8o C’est l’histoire détaillée, et corroborée par une foule de documents, de la première période de cette union douanière qui a commence sous des auspices si brillants, et qui, aujourd’hui, est si fortement ébranlée. Nous rappellerons, à cette occasion, que M. Richelot a publié récemment la deuxième édition de son livre sur le Zollverein. Mentionnons enfin une nouvelle édition du Voyage en France de Young, avec une introduction de M. Lavergne.

La Société d’économie politique a discuté plusieurs questions assez intéressantes, mais qui, en somme, n’ont pas abouti à des solutions définitives. Nous citerons particulièrement les suivantes : quelles sont les causes qui ont produit la différence existant en France entre la valeur des propriétés rurales et celle des propriétés mobilières ? Quel est le rapport entre le prix des subsistances et celui du travail ? Une banque peut-elle émettre trop de billets ? M. Courcelle-Seneuil, qui a pose cette dernière question, a fort bien prouvé que, du moment ou les billets d’une banque sont remboursables au porteur, elle ne peut en émettre trop par rapport au besoin monétaire du marché, parce que les billets qui excédent ce besoin sont immédiatement présentés au remboursement.

Le congrès des économistes allemands a siégé cette année a Francfort-sur-le-Main. Plus de 150 membres, parmi lesquels figuraient les économistes les plus distingués de l’Allemagne et un petit nombre d’économistes étrangers, se trouvèrent au rendez-vous. Le congres tint quatre séances générales, du 12 au 15 septembre. Les questions qui y furent agitées étaient posées principalement au point de vue de l’Allemagne ; mais elles n’en offrent pas moins un grand intérêt à un point de vue plus général. On discuta notamment les moyens de répandre davantage la connaissance de l’économie politique ; les mesures à prendre pour établir dans tous les états la liberté de l’industrie ; la nécessité de réviser le tarif des douanes du Zollverein et de supprimer surtout les droits de transit. En général, l’assemblée manifesta les sentiments les plus libre-échangistes ; elle se prononça aussi en faveur de l’abolition des lois sur le taux de l’intérêt et l’usure. Mais le sujet le