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intéressée dans l’économie politique, et sous ce rapport nous sommes tout à fait d’accord avec eux. Tous deux reconnaissent aussi que les économistes de l’école dominante ne tiennent pas assez compte de ce fait et qu’ils n’ont nullement résolu le problème des conditions morales de l’économie politique, et en cela encore nous les approuvons complètement. Mais tous deux arrivent définitivement, par des procédés différents, à justifier toutes les conclusions de cette même science des économistes, et c’est la que nous cessons d’être de leur avis.

En dehors de ces travaux, nous n’avons a citer, au point de vue théorique, en France, que la réédition de la Richesse des nations d’Adam Smith, traduction de M. Garnier ; quelques articles du Journal des Économistes, notamment la suite des Études sur le système des impôts, par M. de Parieu ; de l’Influence des institutions politiques sur la richesse, par M. de Puynode, ou l’auteur prouve que la liberté est aussi nécessaire au développement économique des sociétés qu’a leur développement moral, et une nouvelle édition de l’ouvrage estimé de M. Coquelin, du Crédit et des Banques, grand in-18.

En Allemagne, M. Rau poursuit la publication de la quatrième édition de son grand Traité d’économie politique ; M. Wirth a fait paraître le premier volume de la deuxième édition, considérablement augmentée, de ses Principes d’économie politique (Grundzüge der national OEkonomie), expose des résultats généraux de la science ; M. Umpfenbach a donné la première partie d’un Manuel de la science des finances, dans lequel il prétend se placer au seul point de vue de la théorie et des principes, en écartant tout ce que la pratique habituelle offre de contraire ; enfin, sous le titre d’Études critiques (Zur Kritik der politischen OEconomie), M. Ch. Marx, un des membres du parti démocratique de 1848, et qu’on a accusé de tendances communistes, a publie une première série de considérations économiques, dont il est assez difficile d’apercevoir le but et la portée. — L’Angleterre n’a produit cette année aucun ouvrage important sur l’économie politique. L’Economist, qui paraît a Londres, ne contient ordinairement que des notices diverses et pas de grands articles théoriques. Mais le célèbre économiste américain Carey, qui, à côté d’observations si frappantes, émet tant d’opinions paradoxales, a publié le troisième et dernier volume de ses Principles of social science, Philad. in-8

Les ouvrages qui traitent plus ou moins des questions pratiques sont naturellement ceux qui offrent le plus de nouveauté aujourd’hui. Les principaux écrits de ce genre, publiés cette année, sont les Études économiques sur les tarifs des douanes, par M. Léon Amé, directeur des douanes a Bordeaux ; c’est un examen impartial et très-instructif de notre système douanier, par un homme du métier ; la Baisse probable de l’or par M. Michel Chevalier, ou ce publiciste exprime de nouveau les craintes que lui inspire le développement extraordinaire de la production de l’or dans ces dernières années, en indiquant les moyens de remédier à la baisse qui en sera l’effet inévitable ; les Études sur le régime des manufactures, par M. Louis Reybaud, reproduction du rapport fait par cet économiste a l’Académie des sciences morales et politiques sur la condition des ouvriers en soie ; des Latifundia futurs, ou crise agricole à prévenir, par M. Frédéric Billot, plaidoyer en faveur de la propriété ; Résultats des dernières réformes commerciales en Angleterre, par M. Maurice Block (Journal des Économistes) ; de l’Enseignement professionnel, par M. Corbon, ancien vice-président de l’assemblée constituante, qui a repris ses travaux manuels et a retrace d’une main vigoureuse les vices de l’enseignement professionnel tel qu’il se donne aujourd’hui dans les arts industriels, et les inconvénients qui en résultent pour la classe ouvrière en général.

M. Corbon est profondément initié à la vie de l’ouvrier, et il a dévoilé dans son petit livre une série de faits inconnus, pour la plupart, des publicistes et des économistes, et qui présentent le plus grand intérêt. Nous omettons un certain nombre de brochures relatives à la question des céréales et à l’échelle mobile, et nous passons au plus important des ouvrages d’économie pratique qui soient en cours de publication, le Dictionnaire universel théorique et pratique du commerce et de la navigation. Bien que ce travail s’adresse en partie aux commerçants, et qu’il renferme beaucoup de détails techniques, il offre à l’économiste, au publiciste, à l’homme politique, des ressources inattendues et d’autant plus précieuses, qu’il est facile de voir que les articles sont généralement faits avec le plus grand soin et par les hommes les plus compétents. La librairie Guillaumin, en créant pour l’économie politique un centre que les Anglais envient à la France, et qui est l’analogue de ces instituts de géographie et autres qui rendent tant de services aux sciences et aux lettres en Allemagne, s’est trouvée, par ses relations nombreuses, dans une position unique pour recueillir tous les renseignements qu’exige un si vaste travail. Les articles sur les places de commerce paraissent avoir été rédigés, en effet, par des commerçants, habitant ces places ; ceux qui traitent des produits les plus importants, par les principaux producteurs. On est surpris, quand on compare ce dictionnaire avec l’ouvrage analogue publie il y a une trentaine d’années, des progrès immenses que le commerce et l’industrie ont accomplis depuis cette époque. Que de produits, alors absolument inconnus ou sans usage, sont devenus, depuis, l’objet de transactions importantes ! que de routes et de com-