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dans la crise fédérale de l’Allemagne de 1848 à 1854, avait cru devoir en cette occasion consultée ses confédérés, la Prusse et l’Autriche, et son parent l’empereur de Russie, ce n’était qu’une pure formalité de politesse politique par laquelle il ne se croyait nullement engagé. Quelle que dût être la réponse des trois cours, il prétendait ne relever que de lui-même pour l’esprit et la forme des rapports qu’il était d’avance résolu à entretenir avec l’empereur des Français.

Un fait plus curieux encore allait se produire. La Prusse et l’Autriche, qui avaient consenti à se concerter avec la Russie pour délibérer en commun la teneur des lettres de créance de leurs envoyés, allaient abandonner le cabinet russe à moitié chemin. En effet, les deux cabinets allemands ne se refusaient point à articuler quelques réserves, mais en se retranchant derrière un principe incontestable, et que la France avait, de son côté, proclamé : à savoir qu’ils n’avaient ni le droit ni le désir d’apprécier les actes de législation intérieure accomplis en France, des réserves, dont l’opinion s’est fort peu préoccupée en France, n’étaient donc point de nature à affaiblir l’autorité morale du nouveau gouvernement ni à gêner son action au dehors. Au reste, les dépêches écrites à cette occasion par les cabinets de Vienne et de Berlin à leurs ministres à Paris ont été livrées à la publicité et sont connues. Voici ce qu’on lit dans la dépêche de M. le comte de Buol à M. Hübner, reproduite presque textuellement dans celle de M. de Manteuffel à M. de Hatzfeld : « Aux communications par lesquelles l’avènement de l’empereur des Français nous a été notifié se trouvaient jointes des copies du sénatus-consulte et du plébiscite relatifs à la transformation de gouvernement opérée en France. Il ne nous appartient pas de discuter ces documens comme actes de législation intérieure de la France. A ce titre, les dispositions qu’ils renferment ne peuvent que rester en dehors du domaine des relations internationales entre les deux empires. Aussi l’Autriche, en procédant comme elle le fait à la reconnaissance de sa majesté l’empereur des Français et en témoignant franchement de son intention de continuer avec son gouvernement les rapports d’amitié qui ont subsisté jusqu’à présent entre les deux pays, n’entend-elle ni émettre une opinion quelconque sur les principes établis par le plébiscite converti désormais en loi de l’état, ni accepter d’avance les conséquences qui pourraient en être tirées à l’avenir. En nous abstenant du reste de donner une forme plus solennelle à nos réserves, nous croyons fournir au gouvernement, français, qui, je l’espère, saura l’apprécier, une nouvelle preuve des sentimens concilians dont nous sommes animés et qui nous inspirent le désir d’éviter tout ce qui serait de nature à porter atteinte aux rapports de bonne intelligence subsistant entre les deux gouvernemens, et