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en conséquence, l’on ne doutait point que l’intention des trois souverains ne fût de s’entendre et de se prêter un mutuel appui pour formuler les réserves qu’ils croiraient nécessaires. Vraisemblablement, les trois cabinets du Nord avaient informé les autres gouvernemens signataires des traités de 1815, et spécialement l’Angleterre, dont le concours eût été si précieux, de l’entente qu’ils avaient arrêtée en prévision de la restauration impériale qui se préparait en France.

Néanmoins, dans les cinq jours qui suivirent le 2 décembre, le cabinet français obtenait la reconnaissance de trois gouvernemens dont l’empressement amical avait pour lui la plus haute signification. Dès le 3 décembre, on avait les lettres de créance du marquis Antonini, ministre des Deux-Siciles ; le 6, celles de lord Cowley, ambassadeur d’Angleterre, et le 7, celles de M. Rogier, ministre de Belgique. Ainsi l’un des souverains de la branche aînée des Bourbons, le roi de Naples, un roi allié à la branche d’Orléans, celui de Belgique, et enfin la puissance qui tient dans la civilisation et dans la politique moderne la première place avec la France, avaient reconnu l’empire à peine proclamé. Le témoignage d’amitié donné ainsi par l’Angleterre avait d’autant plus d’importance encore que ce pays a été, on le sait, le plus constant ennemi du premier empire et n’a jamais consenti à le reconnaître officiellement. Les petits états parlementaires de la frontière et du voisinage de la France se firent remarquer par un empressement presque égal. Les lettres de créance de la république helvétique furent présentées le 8 décembre, celles du Piémont le 11, celles de l’Espagne le 12, celles des Pays-Bas le 14 et celles du Danemark le 16. Ici se produisit un temps d’arrêt qui, de la part de quelques gouvernemens, tels que ceux de Suède, de Rome, de Portugal, de Turquie et des états d’Amérique, s’expliquait par l’éloignement et n’avait aucune signification politique. Chez les trois cabinets du Nord, ce retard avait sa raison dans le dessein arrêté par eux de concerter les termes dans lesquels ils devaient formuler les lettres de créance de leurs envoyés. Les petits états de l’Allemagne, en se résignant à attendre le mot d’ordre que promettaient de leur donner les trois grands cabinets, ne faisaient que subir l’influence de leur position secondaire ou tout à fait inférieure dans la confédération germanique. Un certain nombre de ces petits états néanmoins finirent par se montrer gênés de l’attitude qu’on désirait leur imposer. Quelques-uns même, tels que le grand-duché de Hesse et le duché de Nassau, ne consentirent point à se plier aux convenances des cabinets de Saint-Pétersbourg, de Berlin et devienne, et le Moniteur wurtembergeois nous a fait entrevoir que si le roi de Wurtemberg, ce souverain dont on a eu plus d’une fois l’occasion de remarquer l’attitude indépendante