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de plus hautes régions : dégoûté de toutes les solutions qui lui avaient été successivement ou simultanément proposées depuis quelques années, il attendait de confiance celles que le développement logique des événemens lui préparait.

Le 28 juin, un message du prince-président de la république était venu clore cette session de trois mois, premier essai du régime représentatif renouvelé de l’empire. Le prince félicitait les députés d’avoir « su résister à ce qu’il y a de plus dangereux parmi les hommes réunis, l’entraînement de l’esprit de corps, d’avoir écarté toute susceptibilité, et de s’être occupés des grands intérêts du pays, comprenant que le temps des discours passionnés et stériles était passé, que celui des affaires était venu. » L’application d’un nouveau système rencontrait toujours des difficultés : le président constatait que le corps législatif en avait fait la part. Si le travail avait semblé manquer à ses premières séances, il avait compris que le désir du prince d’abréger sa dictature et son empressement à les appeler autour de lui en avaient été la cause, en privant le gouvernement du temps nécessaire à la préparation des lois qui devaient être soumises au corps législatif. La conséquence naturelle de cet état de choses exceptionnel avait été l’accumulation des travaux à la fin de la session :

« Néanmoins, ajoutait le prince, la première épreuve de la constitution, d’origine toute française, a dû vous convaincre que nous possédions les conditions d’un gouvernement fort et libre. Le pouvoir n’est plus ce but immobile contre lequel les diverses oppositions dirigeaient impunément leurs traits : il peut résister à leurs attaques et désormais suivre un système sans avoir recours à l’arbitraire ou à la ruse. D’un autre coté, le contrôle des assemblées est sérieux, car la discussion est libre et le vote de l’impôt décisif. Quant aux imperfections que l’expérience aura fait connaître, notre amour commun du bien public tendra sans cesse à en affaiblir les inconvéniens jusqu’à ce que le sénat ait prononcé.

« Dans l’intervalle de la session, j’appliquerai tous mes soins à rechercher les besoins du pays et à préparer des projets qui permettent de diminuer les charges de l’état sans rien compromettre des services publics. A votre rentrée, je vous ferai connaître le résultat de nos travaux et l’état général des affaires par le message que la constitution m’oblige à vous adresser tous les ans. En retournant dans vos départemens, soyez les échos fidèles du sentiment qui règne ici : la confiance dans la conciliation et la paix. Dites à vos commettans qu’à Paris, ce cœur de la France, ce centre révolutionnaire qui répand tour à tour sur le monde la lumière ou l’incendie, vous avez vu un peuple immense s’appliquant à faire disparaître les traces des révolutions et se livrant avec joie au travail, avec sécurité à l’avenir. Lui qui naguère dans son délire était impatient de tout frein, vous l’avez vu saluer avec acclamations le retour de nos aigles, symbole d’autorité et de gloire. A ce spectacle imposant où la religion consacrait par ses bénédictions une grande fête nationale, vous avez remarqué son attitude respectueuse ; vous avez vu cette armée si fière, qui a sauvé le pays, se relever encore dans l’estime des hommes en s’agenouillant avec recueillement devant